Si la photo est bonne
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 25 octobre 2024 11:17
- Écrit par Claude Séné
Le sommet 2024 du groupe des BRICS à Kazan s’est achevé hier sous la présidence de Wladimir Poutine dont c’était le tour de recevoir les dirigeants des pays adhérents à ce que l’on a pris l’habitude d’appeler le « Sud global ». Pour le maître du Kremlin, le seul fait de pouvoir afficher le rôle de la Russie, au centre d’une photo de famille à laquelle ne manquait que le président brésilien Lula qui s’était fait représenter, est déjà un succès en soi. Il matérialise ainsi l’inefficacité des sanctions occidentales et l’échec des tentatives d’isoler la Russie pour la mettre au ban des nations.
On y trouvait en effet le gratin des puissants de ce monde, avec les pays fondateurs de cette alliance, Brésil, Russie, Inde et Chine, auxquels se sont joints d’abord l’Afrique du Sud puis l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. D’autres pays sont également sur les rangs pour rejoindre l’alliance, notamment la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, qui joue trouble jeu en tentant toujours de concilier appartenance à l’OTAN, candidature à l’Union européenne, et désormais adhésion à ce nouveau club très fermé des BRICS. En tout, 32 pays étaient représentés, signe évident d’un intérêt pour une organisation faisant pièce à celle des occidentaux, dominée par les États-Unis. Pour Wladimir Poutine, c’est évidemment pain béni. Il se rachète à peu de frais une légitimité et une respectabilité toutes neuves et peut même s’offrir le luxe d’une condamnation des conflits que ce soit en Ukraine ou au Proche-Orient en lançant un appel aux négociations comme s’il n’était pas l’agresseur à l’origine de ces guerres meurtrières.
Cerise sur le gâteau, il a même reçu la visite d’Antonio Guterres, le secrétaire général en exercice de l’Organisation des Nations Unies, qui n’était plus allé en Russie depuis 2022, dont le geste ne peut manquer d’être interprété comme un signe d’allégeance, sachant qu’il n’en sortira rien, sinon quelques palabres parfaitement inefficaces. Cette visite, et la longue poignée de main entre le secrétaire de l’ONU et l’autocrate russe ont été immortalisés par les photographes du monde entier et ne feront pas avancer d’un iota d’éventuelles négociations, ne serait-ce que pour obtenir un cessez-le-feu au Liban et à Gaza, et encore moins pour tenter de faire revenir Poutine à un début de raison. Malheureusement, on ne pourra interpréter cette démarche que comme un nouveau signe d’un affaiblissement continu de l’instance internationale, de moins en moins capable de faire observer un ordre mondial dans l’intérêt des peuples et de leur capacité à vivre en paix, ce qui devrait être son rôle premier.