Money Time

L’expression vient du vocabulaire du basket professionnel et plus précisément de la NBA, dont le commentateur historique en France, Georges Eddy, a fait un usage abondant avec son accent américain si caractéristique. Elle désigne la courte période qui précède la fin du match, les 5 dernières minutes, comme l’aurait dit en son temps Raymond Souplex, pendant lesquelles se décide le sort de la rencontre. C’est le moment où tout se joue, là où les grands joueurs sont supposés justifier leur réputation en faisant preuve d’audace et d’adresse. Les points marqués pendant cette période peuvent rapporter gros, et les ratés faire capoter l’équipe.

Il semble que la campagne électorale américaine soit rentrée dans ce fameux money time, et que le sort des États-Unis, mais aussi celui du monde, soit entre les mains des deux candidats, qui sont actuellement au coude-à-coude dans les sondages alors que l’on sait que certains états pourraient basculer d’un camp à l’autre pour quelques milliers voire quelques centaines de voix. Il y a quatre ans, Donald Trump, qui disposait de l’appareil d’état, avait tenté de convaincre les responsables républicains de lui « trouver » les voix manquantes pour inverser les résultats dans les états « clés », sans succès. La marche sur le Capitole avait elle aussi tourné court, malgré une réussite provisoire en trompe-l’œil. Cette fois, il a pris les devants en essayant d’acheter les votes, grâce au financement de son nouvel ami, le milliardaire Elon Musk, prêt à injecter une partie de sa fortune dans le financement de la campagne en échange d’un poste dans l’équipe gouvernementale.

On sait que l’homme le plus riche de la terre, et même de l’espace, ne pourra jamais devenir président des États-Unis faute d’être né sur le territoire américain. Mais il peut être tellement important en influençant Donald Trump et en en faisant son obligé, que l’on peut craindre le pire. En l’occurrence, un attelage improbable entre un protectionniste et un idéologue acharné du libéralisme libertarien, qui se rejoignent dans le culte du dieu Dollar. Pour gagner quelques voix, Elon Musk promet aux électeurs qui s’engageraient à soutenir Trump en signant une pétition de verser un million de dollars chaque jour à l’un d’entre eux par tirage au sort jusqu’au jour de l’élection. Un budget de 17 millions environ, beaucoup moins que les dons qu’il a déjà faits au parti républicain, et « peanuts » pour celui qui « pèse » environ 250 milliards de dollars en fortune personnelle. Ce nouvel épisode douche les espoirs de ceux qui pensaient que les outrances et les mensonges du candidat républicain allaient dissuader une grande majorité de voter pour lui. Actuellement, ce serait plutôt l’inverse, à moins que la « surprise » traditionnelle du mois d’octobre rebatte les cartes.