
Politique et sport
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 18 septembre 2025 09:37
- Écrit par Claude Séné

Ne font pas bon ménage, on le sait. Le débat resurgit à chaque évènement sportif majeur, tel que les Jeux olympiques. Cette fois-ci, c’est la Vuelta, le tour d’Espagne cycliste, qui a été perturbé par des manifestations en faveur de la Palestine, dénonçant les violences subies par la population dans la bande de Gaza, au point d’empêcher le déroulement normal de la dernière étape et la remise solennelle des récompenses aux équipes victorieuses. Techniquement, la Vuelta, après l’annulation de certaines parties du parcours n’a même pas passé la ligne d’arrivée. Le directeur sportif français de l’équipe Groupama, Marc Madiot, n’a pu que regretter ces perturbations et il a défendu une séparation entre les sportifs et l’environnement politique.
Chacun sait que c’est impossible. Dans le cas particulier de l’Espagne, c’est l’existence même d’une équipe arborant comme sponsor principal Israël en plus de celui du Canadien Premier Tech, qui pose problème. Les adversaires politiques de la guerre menée par le gouvernement israélien contre le Hamas et les populations locales menacées de génocide, soupçonnent fortement le Premier ministre de pratiquer le « sportwashing », de s’acheter une bonne conscience à peu de frais en exploitant l’image positive d’une compétition sportive. L’Espagne est historiquement plutôt favorable à la reconnaissance d’un état palestinien, qui devrait être effective dès la réunion prochaine des Nations unies prévue à cet effet. Le gouvernement socialiste au pouvoir en Espagne condamne la politique de Benyamin Netanyahou et serait favorable à une exclusion de l’équipe cycliste, comme l’est la Russie aux JO, où les sportifs concourent sous bannière neutre à cause de l’invasion et la guerre d’agression menée en Ukraine.
C’est bien la promotion d’une politique israélienne qui est visée, et non les coureurs eux-mêmes. Sur 31 membres de l’équipe, seuls 3 sont de nationalité israélienne. Cette équipe pourrait donc parfaitement porter un autre nom et être financée différemment. Cet épisode m’a rappelé de lointains souvenirs, quand, enfant, je jouais au Tour de France avec des capsules, en reprenant scrupuleusement les compositions d’équipes, qui à l’époque, étaient basées sur la nationalité ou la région, en faisant la part belle à la France naturellement, qui, à l’époque, était souvent en tête de la course. Les rivalités d’alors n’excluaient pas le chauvinisme, mais je n’ai pas le souvenir que les exploits des frères Bobet, Louison et Jean, originaires de Saint-Méen-le-Grand, en Ille-et-Vilaine, auraient en quoi que ce soit exacerbé les revendications autonomistes de la Bretagne. Pas plus que les victoires de champions étrangers tels que Fausto Coppi, Charly Gaul ou Gino Bartali n’ont véritablement déchainé de vagues de xénophobie à l’époque. Il est vrai que nous ne voulions pas savoir à quel prix ces performances avaient été rendues possibles, et combien le fléau du dopage, un autre sujet tabou, ne connaissait pas de frontières.