
La fête, vraiment ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 3 septembre 2025 11:33
- Écrit par Claude Séné

Le maire de la commune de Fontjoncouse dans l’Aude dans laquelle une rave-party illégale s’est déroulée le week-end dernier a déclaré que cela ne pouvait que mal finir, après les violents affrontements qui se sont déroulés entre les fêtards et des viticulteurs, à peine remis des incendies géants de cet été. Les habitants sinistrés ont trouvé indécent que des personnes inconscientes de leur détresse organisent sur ces lieux une fête destinée à amuser un certain public et satisfaire bruyamment un goût musical. Exaspérés, des viticulteurs ont entrepris de déloger les « teufeurs » à l’aide de tracteurs, de bulldozer, ou de barres de fer en saccageant leurs véhicules.
Le ministre de l’Intérieur, qui s’est rendu sur place, a dénoncé les violences, naturellement, mais a également suivi les traces d’un de ses prédécesseurs à la place Beauvau, qui avait comme slogan : « un fait-divers, une loi ! » Pour Bruno Retailleau, il faudrait renforcer l’arsenal législatif et sanctionner plus lourdement les organisateurs et les participants de ces évènements, par des amendes dissuasives. Je ne crois pas que de telles mesures soient efficaces, si l’on en juge par les montants actuels allant de 1500 euros pour un particulier à 4500 euros pour une association. Ces risques sont connus des organisateurs, qui « achètent » ainsi une tolérance de la part des autorités, pour laisser faire ces évènements, en s’efforçant de limiter les effets indésirables sans les empêcher vraiment. Ce qui manque au ministre de l’Intérieur, ce n’est pas l’arsenal judiciaire, mais une volonté politique pour accepter de froisser une partie de la population, qui pourtant ne vote pas ou très peu.
Il serait possible d’empêcher la tenue de ces évènements en saisissant le matériel sonore, comme le fait parfois la gendarmerie, après coup. Les saisies sont provisoires et le matériel est souvent loué, mais l’intervention précoce et systématique serait probablement efficace et ne mobiliserait pas plus de personnel que celui qui doit être déployé pour garantir la sécurité des participants, en tout état de cause. À titre d’exemple, une rave illégale qui s’est déroulée dans le Lot en mai 2025 a permis de relever de nombreuses infractions liées aux stupéfiants avec la saisie d’un kilo d’héroïne, de 200 g de cannabis et 15 bouteilles de gaz hilarant. Par chance, et grâce à la présence de gendarmes, de secouristes et de pompiers, aucun cas grave n’est à déplorer parmi les 250 personnes prises en charge sur place. Il ne faut pas négliger non plus les dommages collatéraux, notamment sonores, qui accompagnent ces « manifestations festives à caractère musical ». Pour le plaisir de quelques centaines ou milliers de participants, ils imposent à des habitants qui n’avaient rien demandé ce que le Parisien qualifie de « supplice électro musical » et qui a eu raison de leur reste de patience.