Diversion

Pas plus tard qu’hier, je compatissais aux malheurs du président des États-Unis, qui avait passé une mauvaise semaine, écornant encore un peu plus une image internationale dégradée où son autorité était malmenée, et couronnée par l’assassinat d’un de ses fidèles soutiens. Cet évènement tragique a d’ailleurs occulté tout le reste et il aura éclipsé une nouvelle révélation du Wall Street Journal, que je n’avais pas cité moi non plus, mais qui fera l’objet de cette chronique, pour réparer cette omission. Les membres d’une commission de la Chambre des représentants ont en effet rendu publique une lettre adressée au milliardaire Jeffrey Epstein pour son anniversaire en 2003 par Donald Trump, qui a toujours nié en être l’auteur, affirmant même qu’elle n’existait pas.

La missive, pleine de sous-entendus salaces, est tapée à la machine, mais elle est signée à la main, et elle est « ornée » d’un dessin représentant grossièrement un buste féminin. Pour sa défense, Donald Trump nie tout en bloc sur ses liens supposés avec le financier convaincu de crimes sexuels et décédé en prison avant d’être jugé. Quant à cette lettre qui n’existait pas, il nie bien entendu en être l’auteur, sa signature serait un faux et il ne saurait pas dessiner, alors que certains de ses croquis ont été vendus aux enchères. Parmi les phrases sibyllines de cette lettre, une allusion à un secret partagé entre les deux hommes intrigue particulièrement journalistes et politiques. Les démocrates réclament des explications sur ces « énigmes qui ne meurent jamais ». On se souvient de l’accusation de l’ex-ami de Donald Trump, Elon Musk, quand il s’est brouillé avec le président, qui avait prédit que l’affaire Epstein ferait la perte du milliardaire de la Maison-Blanche.

C’est que Donald Trump avait fait de l’élucidation de cette affaire de scandale pédocriminel qui pouvait compromettre une grande partie de l’intelligentsia un argument de campagne et il s’était engagé à rendre publics les résultats de cette enquête. C’est donc une sorte d’arroseur arrosé et le scandale lui revient en boomerang, malgré ses efforts pour discréditer le Wall Street Journal à qui il réclame 10 milliards de dollars pour son article, confirmé en tous points par la publication de la commission. Comme il en a l’habitude, Donald Trump retourne les arguments contre ses détracteurs et se déclare victime d’un complot sans le moindre fondement. Il a même inspiré une théorie dite de « l’état profond », une coalition de bureaucrates et d’institutions qui déterminerait dans l’ombre la politique du gouvernement. Parmi les influenceurs propagandistes de ce fameux complot, on trouvait un certain Charlie Kirk, celui-là même qui vient d’être assassiné, et dont on a appréhendé un meurtrier présumé dans des circonstances et des motivations qui restent à clarifier. L’assassinat du président Kennedy en 1963 à Dallas nous a appris à rester prudents.