Grandes manœuvres

Tombera ? tombera pas ? C’est la semaine de tous les dangers pour le gouvernement de Michel Barnier, qui se sait suspendu à des décisions qui lui échappent, et n’a donc plus son destin entre les mains, même s’il entend faire semblant du contraire jusqu’à la dernière extrémité. Son problème, c’est que la donne a changé depuis que le procès sur les attachés parlementaires européens, frauduleusement au service du Rassemblement national, a semblé tourner au vinaigre depuis les réquisitions sévères à l’encontre de Marine Le Pen, plus que jamais menacée d’une peine d’inéligibilité exécutoire immédiatement. Si la candidate du RN essaye d’exploiter cette situation en criant à une manœuvre partisane, il est réel que c’est sa survie politique qui est engagée.

Censure, quand tu nous tiens !

Je ne veux pas parler de celle qui menace le gouvernement, mais de celle qui se définit comme une interdiction, une proscription limitant la liberté d’expression par un pouvoir étatique, religieux ou privé, elle s’applique sur toutes les formes de communication, écriture, expression artistique et tous les médias, radio, télé, Internet, réseaux sociaux.

Déjà dans l’Antiquité, la censure était exécutée par des magistrats, assesseurs et inspecteurs des mœurs et de la conduite, menant parfois à exercer une justice sommaire décidant ce qui était bien ou mal.

Vers la fin des niches ?

Ou comment vider un droit de sa substance ? La révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 a modifié sensiblement la loi organique en définissant dans son article 48 les prérogatives respectives du gouvernement et des assemblées dans la fixation des ordres du jour pour le travail législatif. Il a en effet été institué une journée par mois pendant la durée de la session parlementaire, pendant laquelle les partis d’opposition ou minoritaires pourraient fixer l’ordre du jour des discussions sur lesquelles porterait le travail parlementaire. Pour souligner leur caractère exceptionnel, on leur a attribué le nom de niches parlementaires, ou parfois de séances d’initiative parlementaire.

Mon royaume pour un cheval

En s’inspirant de la pièce de Shakespeare, Richard III, Michel Barnier est prêt à jeter son va-tout pour échapper à une censure qui apparait de plus en plus probable, voire inéluctable. L’opposition de gauche ne fait pas mystère de son intention ferme et définitive de déposer une motion contre le gouvernement dès que le Premier ministre aura matérialisé son recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le budget de l’état et celui de la Sécurité sociale, et le Rassemblement national laisse planer la menace de soutenir l’initiative attendue du Nouveau Front populaire, à moins que le gouvernement provisoire ne revoie sensiblement sa copie en tenant compte de ses désidératas.