Les avis sont partagés

Le Parlement européen a finalement adopté le « pacte sur la migration et l’asile » après 9 longues années de difficiles négociations pour tenter de répondre humainement à une situation compliquée qui ne convient finalement à personne. Je ne suis pas certain que même les partisans du projet soient totalement convaincus de son efficacité à la fois pour les états membres les plus exposés à la pression et à la demande migratoire, que pour les candidats à l’expatriation dont la plupart sont déjà refoulés et le resteront, quand ils ne perdent pas la vie en cours de route.

Je renonce à tenter de vous résumer les nombreuses dispositions sur lesquelles les députés européens se sont écharpés, y compris et peut-être surtout entre groupes alliés, tant l’affaire est complexe dans ses dispositions techniques. Au point de penser à reprendre la célèbre formule qui veut que « si vous avez compris quelque chose, c’est donc que je me serais mal expliqué ». On a pu entendre l’ancien ami du Rassemblement national, passé depuis à la concurrence chez Éric Zemmour, apostropher ainsi la tête de liste RN : « Jordan, je ne sais pas si tu mens ou si tu es incompétent ». Qu’il me permette de lui donner un indice : l’un n’empêche pas l’autre, comme il doit le savoir d’expérience personnelle. Au-delà des modalités pratiques, on comprend bien que l’objectif principal de cette nouvelle réglementation vise à limiter plus efficacement l’entrée sur le territoire européen des candidats à l’immigration, attirés par ce qu’ils croient être un eldorado, et à les refouler massivement vers leurs pays d’origine. Marginalement, moins longtemps ils attendront, moins leur condition sera inhumaine, mais ce n’est pas l’objectif principal. Les raisons d’approuver ou non ce pacte sont donc pour la plupart des partis, fonction de leur sensation d’un verre à moitié plein ou à moitié vide.

Je n’en ai entendu aucun, mais peut-être à cause du brouhaha médiatique, évoquer le fait que l’attractivité des pays riches était plus forte que la connaissance purement intellectuelle des dangers vitaux de tenter des traversées follement risquées. Pas davantage de voix s’élèvent pour exiger le respect minimal de conditions de vie dans les pays soi-disant d’accueil. Au nom de pseudo-appels d’air, les personnes sont retenues dans des lieux de privation de liberté, euphémisme poli pour désigner des prisons à ciel ouvert ou non. Toutes choses qui ne seront pas résolues par les nouveaux règlements, purement administratifs et financiers. Et que ferons-nous de tous ces déboutés du droit d’asile, que beaucoup de leurs pays d’origine refusent de reprendre ? Peut-être les tolèrerons-nous bon gré, mal gré, quand ils accomplissent des tâches dont nous ne voulons pas, ou peut-être les ferons-nous venir volontairement pour pallier le déficit de naissances dans certaines populations vieillissantes ? Ce sont pourtant des sujets au moins aussi importants que la taille des cages des poulets élevés en batterie, à mon humble avis.