Smoking gun

Cette image qui symbolise la preuve absolue de l’évidence d’une culpabilité dans le droit américain a été utilisée en 2016 par Donald Trump, alors candidat du camp républicain. Il déclarait sans sourciller qu’il pourrait se planter au milieu de la 5e avenue (la rue de New York la plus fréquentée) et tirer sur quelqu’un, qu’il ne perdrait pas le moindre électeur. Il pourrait désormais ajouter qu’il ne risquerait aucune sanction pénale, puisque 8 ans plus tard et grâce à un mandat présidentiel qu’il a mis à profit pour s’assurer une impunité quasi totale en nommant suffisamment de juges acquis à sa cause à la Cour Suprême, il semble être devenu intouchable.

Contrairement à sa première campagne présidentielle, il n’a subi presque aucune concurrence. La dernière candidate encore en lice contre lui vient de jeter l’éponge et après le « super-mardi » il a déjà presque assez de représentants pour être investi officiellement par le « grand vieux parti ». Il sait donc, et les Américains également, que l’affiche sera la même que lors de sa courte défaite il y a 4 ans, et qu’il a toutes les chances de prendre sa revanche contre un Joe Biden qui accumule les gaffes, laissant planer le doute sur ses capacités physiques et mentales à assumer un second mandat. Autant dire que l’affaire est probablement pliée d’avance, même si Trump suscite certaines réactions très négatives sur son attitude et ses provocations permanentes. Il bénéficie d’une image et d’un socle électoral de partisans très convaincus, qui avalent sans ciller les pires mensonges et les forfanteries du milliardaire bateleur, accueillant ses discours les plus extrémistes comme vérités d’évangile.

Si les États-Unis n’étaient pas toujours la première puissance économique et militaire du monde, nous pourrions observer le match à distance, avec un regard détaché, mais ce n’est pas le cas. Au point que certains Européens ont suggéré que les alliés occidentaux aient droit de vote en Amérique, dont la politique influe directement sur notre vie quotidienne. Donald Trump ne fait pas mystère de son intention de réduire considérablement les crédits alloués à la défense de l’Europe en général, et de l’Ukraine en particulier, qu’il serait tout à fait capable d’abandonner sans le moindre état d’âme en passant un accord avec Vladimir Poutine. Il a déjà donné un échantillon de sa politique étrangère lors de son mandat, et l’on sait que pour rendre à l’Amérique sa grandeur, il n’hésitera pas un instant à sacrifier les pays alliés qu’il menace de livrer pieds et poings liés au dictateur russe. Ce faisant, il va peut-être obliger les dirigeants occidentaux à regarder la réalité en face et à se doter d’un instrument de défense autonome, distinct de l’OTAN, et capable de résister en cas de nouvelle agression de la Russie. Ce serait bien le seul bénéfice collatéral d’une élection annoncée comme inéluctable.