La queue entre les jambes

Le président de la République a fini par se résoudre à l’inéluctable en annonçant le retrait prochain des troupes françaises de l’opération Barkhane au Mali. Tout son problème a consisté à éviter de donner une image humiliante de notre pays, similaire à l’attitude d’un chien obligé de battre en retraite devant un rival plus fort que lui. Sa déclaration, qui ne trompera personne, a consisté à rejeter l’échec de la pacification de la région du Sahel sur les militaires maliens qui ont pris le pouvoir à Bamako et nous ont signifié qu’ils ne souhaitaient plus notre présence.

Selon le chef de l’état, les autorités maliennes sont responsables de notre incapacité à assurer durablement la paix dans cette région du monde, et leur illégitimité est devenue du jour au lendemain insupportable. Cela m’a fait penser à l’attitude de l’employé qui affirme démissionner de son propre chef alors qu’il est tout bêtement viré. Que cela plaise ou non à Emmanuel Macron, si un pays souverain prend la décision de demander le départ de troupes étrangères, même si leur pouvoir n’a pas été obtenu par des élections démocratiques, ce n’est pas une ancienne puissance coloniale qui peut arbitrer une situation politique intérieure. La France a eu un mandat précis de lutte contre le terrorisme, et non la mission de rétablir le fonctionnement démocratique du Mali ou de quelque autre puissance régionale. Les pays africains voisins ne sont pas tous dirigés par un gouvernement légitime non plus, et la France s’en accommode fort bien quand ses intérêts sont préservés.

La position française n’était pas tenable très longtemps. La population malienne, sous l’emprise d’une propagande d’état, a fini par rendre notre pays responsable de tous ses maux. Quand on se voit accusé de perpétrer un génocide, et que l’on demande le départ de nos troupes, il n’y a pas d’autres solutions que de se retirer, en tâchant de garder sa dignité. C’est là que le vocabulaire militaire peut se montrer précieux. Nous allons donc nous replier sur des positions préparées à l’avance, dont on aurait pu, et dû, se servir bien plus tôt, avant que la situation soit si dégradée. Malheureusement, à part les tous débuts de l’intervention, les quelques succès militaires n’ont jamais fait entrevoir la possibilité de partir en position de se prévaloir d’une réussite globale dans la région du Sahel. Nous n’avons fait que répéter les erreurs de la pacification coloniale, à ceci près qu’il n’y a pas de canonnières dans le désert, et qu’on ne fait pas le bonheur des populations contre leurs peuples. J’imagine que le président candidat aurait préféré attendre la fin des élections pour faire ce genre d’annonce, qui ne contribue pas au prestige de notre pays. La France reste une puissance économique importante, mais elle ne peut pas concurrencer les superpuissances américaines et chinoises. Sa zone d’influence se restreint inéluctablement. Il est temps d’en prendre acte.