SUV

Cet acronyme barbare de « sport utility vehicle » désigne une catégorie de voitures en pleine expansion, notamment en France, où près d’une voiture neuve sur deux (44 %) est un SUV, ou un 4X4 ou une combinaison des deux connue sous le nom de cross over. À titre d’usager de la route, il m’arrive souvent de pester contre cette prolifération, car avec ma modeste petite berline, mon horizon est encombré par la taille de ces véhicules surélevés qui m’empêche de voir au-delà de leur parechoc arrière. Et c’est d’ailleurs apparemment cette hauteur qui explique l’engouement des Français.

Les heureux possesseurs de ces véhicules ne font généralement pas de parcours « tous terrains ». Tout au plus, certains d’entre eux escaladent les trottoirs à la sortie de l’école où ils vont chercher leurs enfants. Les 4 roues motrices dont sont équipées certaines de ces voitures ne leur sont donc généralement d’aucune utilité. Il semble que l’effet recherché soit le sentiment de sécurité que donne la position haute sur la route, et une impression d’enveloppement et de solidité due à l’imposante carrosserie dont ils sont dotés. Ce format a un coût, et un prix. Le prix de vente moyen des véhicules surélevés est supérieur à 20 000 euros quand celui des berlines classiques tourne autour des 16 000 euros. Et naturellement, le poids supplémentaire se traduit par une consommation plus élevée. Le WWF a calculé que les ménages qui investissent dans un SUV paient environ 400 euros par an de plus qu’avec une berline ou une citadine.

Pour déculpabiliser les clients potentiels, qui pourraient être un peu honteux de rouler dans des véhicules peu écologiques, les industriels ont eu l’idée apparemment saugrenue d’équiper leurs voitures d’une motorisation électrique ou hybride, afin de verdir leur gamme. Si l’on a la fibre environnementale, il me semble qu’au-delà du recours à l’électrique, le choix d’un véhicule léger semblerait le plus logique. L’impact carbone d’un SUV, même équipé d’un moteur électrique, sera nécessairement plus important que celui d’une petite voiture. Sans compter que la production de batteries n’est pas neutre non plus dans le bilan énergétique global.

Les marchands de voitures et les lobbies qui les soutiennent, font valoir que c’est le client qui décide. Certes. Et la position de Sandrine Rousseau, candidate écologiste à la présidence de la République, qui est d’interdire la fabrication de SUV dès lors que le marché permettra de les remplacer, est de nature à créer des affrontements de type « gilets jaunes ». On peut toutefois orienter le marché en pesant sur la fiscalité et les aides accordées à l’achat de véhicules électriques. Sans oublier que le « client-roi » est largement influencé par la publicité et que l’état peut intervenir dans le sens d’une rationalisation et une orientation plus soucieuse de l’environnement.