United colors of Jean-Michel Blanquer

La marque Benetton s’est fait connaître depuis 1984 et l’arrivée du photographe Oliviero Toscani par des campagnes publicitaires provocatrices, jouant notamment avec les codes de la couleur de peau. On y voyait par exemple une femme noire donner le sein à un bébé blanc, ou un couple « mixte », une femme blonde avec un homme rasta, tenant ensemble un bébé asiatique. On peut imaginer que c’est au nom des mêmes principes que le ministère de l’Éducation lance sa campagne de rentrée sur le thème : « c’est ça la laïcité ».

Il y aura 8 affiches avec ce même slogan, décliné sur fond de diverses couleurs, mettant en scène des élèves dans différentes situations : la piscine, la bibliothèque, la salle de classe, etc. un exemple : « permettre à Éva et Kellijah d’être inséparables tout en étant différents, c’est ça la laïcité ». Enfin, c’est la laïcité à la manière de Jean-Michel Blanquer. Pour des raisons qui lui sont propres, il s’agit apparemment de démontrer que l’école devrait permettre à des élèves issus de la « diversité » et notamment de couleurs de peau différentes, de vivre en bonne intelligence. Ce n’est pas gagné, mais cela devrait être un objectif minimum de l’école. Cependant la laïcité c’est autre chose. C’est la séparation de l’état et des églises, définie par la loi de 1905. L’état y garantit à tous les citoyens la liberté de culte, le droit de croire ou ne pas croire. Il ne pénalise aucune religion, mais n’en favorise aucune également. En contrepartie, les personnes croyantes éviteront tout prosélytisme, tout signe distinctif ostentatoire qui pourrait être imposé aux non-croyants ou pratiquants d’autres religions.

À l’époque de la loi de 1905, la religion la plus répandue était bien sûr le catholicisme, qui avait mis en place un système scolaire concurrent du service public, avant que celui-ci soit généralisé. Il s’agissait alors de permettre un enseignement indépendant des écoles confessionnelles, où les élèves ne pourraient recevoir une éducation religieuse qu’en dehors des horaires scolaires. Après des décennies d’immigration sollicitée de travailleurs maghrébins, la religion musulmane s’est beaucoup développée en France, et c’est elle qui est à présent dans le collimateur ministériel. Sous couvert de défendre la laïcité, c’est la stigmatisation de l’islam, confondu volontairement avec l’islamisme, soupçonné de faire le lit du terrorisme en défendant une pratique rigoriste. Les affiches de monsieur Blanquer véhiculent un contenu implicite, dont on sait qu’il est au moins aussi important que le texte explicite qui les accompagne. Les enfants et les jeunes représentés sont heureux ensemble « malgré » leurs couleurs de peau, merci au gouvernement de les protéger contre un danger potentiel. Pas un mot sur la religion. On ne peut pas s’en étonner après que ce gouvernement ait jugé indispensable de supprimer l’Observatoire de la laïcité, sans doute parce qu’il était indépendant et présidé par un ancien ministre de Mitterrand.

Commentaires  

#1 massé 31-08-2021 12:04
pauvre Blanquer ...la hauteur de ses vues sur la laïcité est à la hauteur de ses compétences... pauvre éducation nationale!!!
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