Les bouchées doubles

Cela fait longtemps désormais que l’on peut considérer la lutte contre le covid-19 comme une course de vitesse, et, en France, nous ne sommes pas des champions en matière de sprint. La machine sanitaire a mis très longtemps à démarrer et je n’aurai pas la cruauté de rappeler le degré d’impréparation matérielle, aggravé par les pénuries endémiques à l’hôpital, qui ont laissé les personnels et la population dans un état d’impuissance aux tous débuts de l’épidémie. L’arrivée dans un temps record des différents vaccins aurait pu nous permettre de rattraper tout ou partie du retard accumulé, et cela a eu un impact positif en effet.

Malgré l’opposition de principe d’une partie de la population, il est désormais possible d’espérer qu’une fraction importante des Français développe suffisamment d’anticorps, soit par la vaccination, soit en contractant la maladie, pour renverser la vapeur et protéger également les non-vaccinés. Ce que l’on appelle l’immunité collective. On estimait au début de la pandémie qu’un taux de 50 à 60 % pourrait suffire pour atteindre cet objectif. C’est peut-être ce qui a freiné les ardeurs dans le développement de la campagne vaccinale, si tant est qu’elle ait vraiment existé jusqu’à une époque récente. Le développement des différents variants, avec une virulence accrue, a fait évoluer la doctrine et la couverture à viser est désormais de 80 % au minimum et peut-être même 90 à 95 %, soit la presque totalité de la population. D’où le changement de ton de l’exécutif, et l’obligation déguisée de la vaccination, que le président avait pourtant juré de ne jamais imposer.

Le gouvernement est un peu victime de sa propre présentation des chiffres de vaccination. Il met en avant sans arrêt le nombre de « primo-injections », plus de 36 millions au 15 juillet, avec un objectif de 40 millions à la fin du mois d’août, alors que le chiffre qui compte, celui des « schémas vaccinaux complets » se limiterait à deux tiers de la population en âge d’être vacciné, un sujet qui fait d’ailleurs débat. Nous sommes donc encore loin des objectifs souhaités, et le gouvernement veut faire voter de nouvelles dispositions à marches forcées, prenant argument de sa propre impéritie pour justifier un déni de démocratie. Le temps presse, c’est certain, mais la faute à qui ? Qui est aux affaires depuis le début de la crise sanitaire ? Bien difficile pour le coup de rejeter la faute sur ses prédécesseurs. Depuis le déclenchement de l’épidémie, le gouvernement a su trouver de l’argent, et il faut l’en féliciter, pour amortir le choc économique. Il n’a pas eu la même volonté pour remettre le système de santé en état de fonctionnement et n’a pas débloqué les fonds d’urgence qui auraient permis d’accompagner sinon de précéder le développement de la maladie. Les Français jugeront.

Commentaires  

#1 massé 29-07-2021 11:35
ils sauront qui renvoyer dans leur foyer mais par qui les replacer?
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