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Noël en plein mois de juillet

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Catégorie : Diabloguiste

Publié le mercredi 21 juillet 2021 10:57

Écrit par Claude Séné

Et pourquoi pas ? À quoi cela servirait-il donc d’être l’homme le plus riche de la Terre sinon à se payer des jouets que le vulgaire n’oserait même pas imaginer ? Jeff Bezos, ex-PDG d’Amazon qui lui a permis de se constituer la fortune personnelle de 200 milliards de dollars, soit plus que le Produit national brut de nombreux pays, à hauteur de l’Angola ou de l’Équateur, et au double du Panama par exemple, aura donc réalisé son caprice géant : se payer un vol habité dans l’espace, comme les cosmonautes historiques.

Enfin, presque. Je ne voudrais pas casser l’ambiance, surtout au prix que cette petite plaisanterie a dû coûter, quand on sait qu’un pourcentage infime de la richesse mondiale permettrait d’éradiquer totalement et définitivement la faim de la surface de la Terre, mais la capsule de Blue Origin n’a fait qu’effleurer le vide spatial et ne sera restée en apesanteur que trois minutes environ, bien loin des missions lunaires ou de la vie dans la station internationale. Si Jeff Bezos voulait simplement savoir l’effet que cela fait, il existe d’excellents simulateurs qui permettent d’éprouver les sensations des vrais astronautes, sans convoquer pour autant tout le ban et l’arrière-ban de la presse internationale. Car c’est en réalité un gigantesque coup de Com que le magnat s’est payé. Rien n’a été négligé, ni le côté « famille », le frère de Jeff, Mark, faisait partie de l’aventure, ni les symboles générationnels, entre la doyenne de l’aviation, recalée par la NASA, qui réalise à 82 ans le rêve de sa vie, et le benjamin de 18 ans, dont le papa a les moyens de lui payer le ticket d’entrée dans ce club très fermé, pour le moment, des voyageurs spatiaux commerciaux.

Car c’est bien le but à terme de ces sauts de puce, que celui de générer du chiffre d’affaires à l’aide de ce qui devrait rester un bien commun, l’espace et pourquoi pas plus tard l’univers tout entier. Et la concurrence sera rude. Le patron d’Amazon, qu’il ne dirige plus, mais qui continue à en percevoir les dividendes, s’est fait coiffer au poteau par un autre bienfaiteur de l’humanité, Charles Bronson, dont les 4,7 milliards de dollars de fortune personnelle lui ont permis de lancer son propre programme avant Jeff Bezos. Il faudra sûrement compter aussi avec Elon Musk, qui a décroché le marché des fusées lancées par la NASA et pourrait s’intéresser à ce secteur prometteur du tourisme spatial. Ce jeu de celui qui pisse le plus haut dans l’espace serait simplement ridicule s’il ne consacrait pas la suprématie d’une oligarchie aux pouvoirs plus étendus que la plupart des états, qui maintiennent une grande partie de la population dans la misère et la pauvreté pour le plaisir de satisfaire quelques coûteux caprices.

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