Fidèlement vôtre…

Cette formule, surtout épistolaire, qui semble banale, suppose pourtant une vertu, la fidélité, qui m’intéresse aujourd’hui comme un corollaire de la promesse du billet de dimanche dernier ! En effet, elle suppose un respect des engagements, en même temps qu’une constance dans les affections, les sentiments, les relations.

C’est une vertu bien malmenée en politique, et autour de laquelle on débat aujourd’hui, où la perspective d’élections multiples, oblige les ambitions personnelles à chercher les voies les plus profitables pour obtenir des situations de pouvoir. De tout temps, on a connu des Brutus qui tuaient leurs pères (leurs pairs), ceux qui retournaient leur veste, ou qui se comportaient comme des girouettes, au point que ceux qui restaient fidèles à leur engagement, à leur parole, à leur parti, font presque figure de héros, les autres méritant le nom de traître, ou de transfuges quand on est plus aimable ! Certains, comme Sarkozy, déclarant à l’Assemblée nationale où il était invité (septembre 2019) « il n’y a pas de victoire sans fidélité à sa famille politique » oublie facilement qu’il a porté la trahison au rang d’une vertu politique comme le disait Machiavel ! Les hésitants d’aujourd’hui devraient méditer là-dessus !

Et dans la sphère privée, qu’en est-il de ce comportement ? Bien sûr, il y a dans les échanges de consentement la promesse de fidélité entre les époux (article 212 du Code civil), c’est un gage de loyauté qui suppose pas de relations sexuelles ou amoureuses avec une tierce personne ! Pourtant 8 % des humains estiment qu’ils ont le droit d’être infidèles de temps en temps, que ce n’est pas la preuve d’un désamour ni une cause de rupture, 55 % des hommes admettent avoir été infidèles à leur partenaire, et 32 % des femmes. Il apparaîtrait que l’humain possède un gène de l’infidélité, qu’il est naturel pour l’homme de désirer d’autres personnes, ceux qui résistent placent l’amour au-dessus de leur propre instinct. Ils ont peut-être tort de se retenir, car beaucoup peuvent compter sur le pardon de celui ou celle qu’ils ont trahi, l’histoire est riche d’exemples ! À moins que la perspective des problèmes que peut créer l’infidélité dans la sphère familiale et l’entourage, comme séparation et divorce par exemple, soit dissuasive. À méditer, « Le devoir d’une éternelle fidélité ne sert qu’à faire des adultères » J. J Rousseau.

Le monde consumériste a bien su exploiter cette « vertu », en la récupérant comme une valeur commerciale, on a développé des programmes, des stratégies de fidélisation, avec cumul de points, ristourne, encouragement au parrainage, etc. pour capter une clientèle, multipliant les cartes de fidélité qui encombrent nos porte-monnaie.

Le tour d’horizon ne serait pas complet sans la fidélité religieuse, celle qui défend un attachement à une foi, à une église, quelle qu’elle soit, à ses dogmes ! Cette dernière m’est un peu étrangère !

En réalité, il n’y a pas de fidélité en soi, on est fidèle à une personne, une chose, une idée, un idéal, et le plus difficile étant peut-être de rester fidèle à soi-même, de ne jamais se renier, contre vents et marées.

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Louisette Guibert 10-05-2021 11:15
Je suis de celles qui se battent pour que l'on retire du Code civil le mot "fidélité" dans l'article "Les époux se doivent fidélité, secours et assistance".
Et qu'en est-il de la fidélité en amitié?
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