Le côté du lion

C’est une petite histoire, une blague, que vous connaissez peut-être qui me servira de parabole aujourd’hui. Voilà. Ce sont deux amis qui discutent au café autour d’un apéro, et l’un se vante de savoir se sortir de toute situation, même la plus difficile. Ah oui, dit l’autre. Suppose que tu te retrouves nez à nez avec un lion, qu’est-ce que tu fais ? Facile, je prends mon fusil, et paf ! entre les deux yeux. D’accord, mais suppose que le fusil s’enraye ? Alors, je monte dans un arbre, le plus haut possible.

Mais tu es dans le désert, et il n’y a aucun arbre, poursuit l’autre. Eh bien, je cours aussi vite que je peux pour m’échapper. Et si le lion court plus vite que toi et que tu te prends les pieds dans les racines des arbres qui n’existent pas ? Oh ! oh ! oh ! s’écrie le « chasseur ». Tu es de mon côté ou du côté du lion ? C’est à peu près grâce au même genre de raisonnement qu’un physicien, chercheur au CNRS, a pu déterminer à quelles conditions Marine Le Pen pourrait remporter les élections présidentielles. Pour commencer, Serge Galam pose que la victoire de la candidate du Front national n’est pas plus vraisemblable que la rencontre d’un lion dans les rues de nos villes. Son modèle mathématique donne le même résultat que celui des sondeurs traditionnels, qui placent le rapport de forces aux alentours de 60-40. Pour que Marine Le Pen gagne quand même, il faudrait que 90 % de ses électeurs potentiels confirment leur choix et que dans le même temps, seuls 65 à 70 % des électeurs de Macron votent pour lui, et cela à condition que la candidate extrémiste améliore de beaucoup son score brut.

Et c’est sur une hypothèse aussi fragile que repose le matraquage qui présente la victoire de Marine Le Pen sinon comme probable, du moins comme plausible. Au moment même où son Premier ministre pressenti, Nicolas Dupont-Aignan, confie en « off » à Christophe Barbier qu’il ne croit pas à la réussite de ce ticket présidentiel, mais qu’il table sur les législatives. Le côté du lion est bien commode pour inciter les indécis à voter Macron en leur faisant croire que leur bulletin ne sera pas un blanc-seing pour la politique libérale qu’il compte mener. Il va falloir beaucoup de conviction et de force de persuasion à la multitude de responsables qui appellent aujourd’hui à voter Macron à contrecœur pour expliquer pourquoi ils combattent ses options alors qu’ils ont soutenu le candidat. Je ne suis pas sûr que les électeurs trouvent que la politique sorte grandie de ces contradictions.

Commentaires  

#1 poucette 02-05-2017 11:55
pas du tout convaincue par ta fable....
je ne pense pas que ce qui se passe en ce moment dans la tête des gens soit si facilement prévisible par des modèles mathématiques.je persiste à penser qu'il y a un danger le pen car tout dépend de la mobilisation des votants
les abstentionnistes comptant pour du beurre
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