Indépendance

C’est une préoccupation qui depuis plusieurs années déjà, prend de plus en plus d’importance, quand elle s’illustre dans les activités de mon quotidien. On connaît tous un jour où, ne pouvant plus faire tout ce que l’on veut, on se voit obligé de demander l’assistance d’un tiers qui grignote notre belle indépendance. Le sentiment qui domine c’est celui de perdre petit à petit ce bel état qui fait que vous ne soyez soumis à aucune autre intervention, ou décision, que la vôtre !

Le même concept se retrouve dans beaucoup de contextes où il a autant, voire plus d’importance que lorsqu’il touche notre propre intégrité.

En géopolitique par exemple, on connaît bien la revendication d’un État à recouvrer ou créer son indépendance, notre passé colonial est assez riche pour qu’il ne soit pas besoin de développer davantage. Nombreuses sont encore les identités qui réclament la leur, à commencer par la Corse, le Pays basque espagnol, le Québec, la Catalogne, la Tchétchénie, le Kurdistan, le Tibet, prouvant ainsi que l’indépendance est un concept qui anime encore beaucoup de luttes, dont le réalisme et le succès restent souvent problématiques.

Dans les institutions républicaines, la justice est indépendante du pouvoir exécutif, la mettant en principe à l’abri de toute influence politique. En principe aussi, les organisations syndicales sont indépendantes du pouvoir, mais cela reste à prouver ! Que dire de l’indépendance économique qui devrait être assurée à chacun, et qui, faute d’être maîtrisée, entraîne soumission, dépendance et voire pire quand il s’agit par exemple du statut de la femme qui trop souvent par manque de moyens financiers voit sa liberté aliénée. L’exemple de l’Arabie Saoudite et autres pays musulmans est hélas criant.

L’indépendance d’un citoyen, c’est celle qui lui permet de juger, décider en toute impartialité, sans influence des appartenances politiques ou religieuses, qui refuse toutes sujétions, pressions ou contraintes… Au moment de prendre la grave décision de choisir un chef d’État, on est en droit de se demander si on lui reconnaît cet état. Sinon pourquoi l’inonder, le saouler de consignes de vote de ralliement, voire de menaces d’un futur apocalyptique ? C’est assez désespérant de penser qu’un électeur a besoin qu’on décide pour lui de la couleur de son bulletin.

Je veux croire que nous sommes nombreux à revendiquer notre indépendance d’esprit, cet esprit si cher à Romain Rolland, « qu’il ne saurait être mis au service d’aucune cause, parce qu’il n’est au service de rien, il est libre, un et multiple, universel. Les intellectuels sont les serviteurs de l’Esprit, et ils ne sauraient avoir d’autre maître ».* Nombreux à nous questionner, nous remettre en cause, capables d’agir à l’écart des idéologies, mêmes si elles ont notre sympathie, mais qui proposent des réponses plutôt que poser les questions.

Affirmant la mienne qui me restera, même quand mon corps me lâchera encore plus, le 7 mai, pour la première fois de ma vie d’électrice, je voterai blanc, refusant toute compromission que je ne pourrais me pardonner.

L’invitée du dimanche

*« Déclaration de l’indépendance d’esprit » journal l’humanité 1919