Superbonus
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 29 avril 2017 10:11
- Écrit par Claude Séné
Dans la morosité ambiante, j’ai le plaisir de vous faire part d’une excellente nouvelle. Bon, elle concerne essentiellement le PDG du groupe Fnac-Darty, mais on est quand même content pour lui, par ricochet. Oui, car la recette du bonheur, pour les gens modestes comme vous et moi, c’est la comparaison et l’identification. On est satisfait quand on compare sa situation aux plus malheureux que nous, et il y en a toujours, ou alors on s’imagine dans la position des plus favorisés tout en achetant son ticket de loto. Mais revenons à nos actions, pardon, à nos moutons.
Alexandre Bompard est un excellent dirigeant. La preuve, il a eu l’idée mirobolante d’indexer sa rémunération sur le cours de l’action du groupe en Bourse. Ce qui lui a permis d’engranger dès 2015 un salaire de 11,5 millions d’euros. Et pour 2016, c’est carrément le jackpot puisqu’il va toucher 14 millions sur les 74 millions de bénéfices réalisés par le groupe. Du jamais vu pour une entreprise qui ne fait pas partie du CAC 40 ni même des 80 les plus importantes. Pour un tel résultat, Alexandre Bompard n’a pas ménagé sa peine. Il a dû se résoudre à se séparer de 500 de ses collaborateurs à l’occasion de la fusion de Darty et de la Fnac et a été obligé de mettre en œuvre un plan d’économie sur la masse salariale, d’autant plus drastique qu’il fallait bien dégager ses propres émoluments. Vous n’imaginez pas le crève-cœur que cela a dû être pour lui.
Vous me direz, parce que vous êtes bien informés, que les actionnaires ont un droit de véto sur les rémunérations excessives des dirigeants. Ben oui, mais pas les salariés. En 2016, les actionnaires ont approuvé à 92 %, vu qu’ils touchent eux aussi leur part du gâteau. Alors, la légende veut que les dirigeants français doivent être payés au moins autant que les footballeurs pour éviter qu’ils ne s’engagent comme eux à l’étranger. Pipeau ! il n’existe pas le moindre « mercato » dans lequel nos patrons français s’arracheraient et où nous devrions surenchérir pour conserver les plus talentueux et les plus prometteurs d’entre eux. Pas plus que les étrangers ne nous envient nos hommes politiques, qui s’exportent très mal, ils ne sont à l’affût de PDG français qu’ils pourraient débaucher et dont ils sauraient s’attirer les faveurs à coup de golden hello ou de golden parachute en passant par les retraites chapeau. Au contraire, les dirigeants français sont généralement très attachés à leurs entreprises et s’ils font souvent leurs études à l’étranger, ils s’empressent de revenir exercer leurs talents en France. On peut parier qu’ils le feraient à moins, le montant moyen des rémunérations des patrons du CAC 40 s’établissant à 5 millions d’euros annuels, ce qui est déjà considérable.