Tragi-comédie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 20 janvier 2017 10:07
- Écrit par Claude Séné
Acte 1. C’est une interne en médecine qui dénonce la situation dramatique des urgences dans l’hôpital où elle travaille. Elle interpelle la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui a donné des instructions pour lutter contre l’épidémie de grippe en reportant des interventions non urgentes, mais semble ignorer la pénurie endémique de lits. Elle cite le cas d’une patiente pour laquelle elle a dû solliciter 11 établissements pour lui trouver une place. Rien de très nouveau là-dedans, en fait. Sauf que la vidéo postée sur les réseaux sociaux a été vue par 11 millions de personnes.
Acte 2. La machine médiatique s’emballe. Le sujet est relayé par des journalistes de télévision, travaillant pour La nouvelle édition ou Quotidien, l’émission de Yann Barthès qui a succédé au Petit journal. Sabrina, l’interne par qui le scandale est arrivé, est interviewée sur les chaines C8 et TMC. Elle réitère ses déclarations. Du côté ministériel, silence radio. À la radio, justement, Sabrina est reçue par Patrick Cohen dans la matinale de France-Inter.
Acte 3. Le ministère de la Santé, harcelé par les journalistes, finit par lâcher qu’il n’y aura pas de réaction officielle de la ministre, au motif du caractère partisan de l’interne. Sabrina n’a jamais caché qu’elle appartenait au Parti de Gauche, qui a soutenu Jean-Luc Mélenchon il y a 5 ans, et qu’elle occupe des fonctions dans l’organigramme du candidat de la France insoumise. Apparemment, cela suffit à la disqualifier aux yeux de Marisol Touraine, mise en cause nommément.
Acte 4. Au cours d’un Téléphone sonne de France Inter, Martin Hirsh explique que Sabrina n’est pas une salariée à plein temps de l’organisme qu’il dirige, l’AP-HP, mais qu’elle est employée par plusieurs services. Selon lui, sa parole n’aurait donc aucune valeur et il l’accuse à demi-mot d’avoir voulu sciemment égarer l’opinion en n’étant pas sincère sur sa situation. Le lendemain, Patrick Cohen s’estime floué par son invitée et regrette de ne pas avoir suffisamment vérifié ses informations.
Acte 5, et pour l’instant final. Sabrina produit sa feuille de paye à l’entête des Hôpitaux de Paris, ceux-là mêmes dont Martin Hirsh prétendait qu’ils ne l’employaient pas. Sa situation administrative l’amène à faire des stages dans différents établissements, publics ou non, tous sous la tutelle du ministère. Tout semble indiquer que les déclarations de Martin Hirsh, en service commandé ou pas, n’ont été qu’une manœuvre de diversion destinée à discréditer Sabrina. Elles n’auront pas réussi à déstabiliser l’interne urgentiste, qui ne fait que relater une situation maintes fois dénoncée par Patrick Pelloux par exemple. Ce qui est frappant dans cette histoire, c’est qu’à aucun moment le ministère de la Santé n’a répondu à Sabrina sur le fond. Probablement parce qu’elle dit vrai, et qu’il n’y a pas de réponse acceptable.
Commentaires
j'espère que les médias vont "relancer" l'évènement ,pour dénoncer l'incurie de la ministre et l'ignominie des stratégies pour décrédibiliser un témoin gênant où est la démocratie???