Tête à claques
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 19 janvier 2017 10:25
- Écrit par Claude Séné
Bon, nous sommes bien d’accord, la violence, c’est mal. On peut être en désaccord avec quelqu’un et le lui faire savoir à une distance de quatre pas, tel le Cid de Pierre Corneille. D’ailleurs, si Manuel Valls avait vécu au 17e siècle, ce n’est pas la maréchaussée qu’il aurait dépêchée après son souffleteur, mais ses témoins, après avoir choisi ses armes en tant qu’offensé. Car il y a de la nuance dans le geste apparemment univoque de la gifle. Ce jeune homme, qui venait d’avoir 18 ans, n’a pas cherché à boxer le candidat.
Il l’a frappé, certes, mais main ouverte, avec une intensité à peine supérieure à une chiquenaude, voire une pichenette ou une tapette. Peut-être comptait-il administrer un retour du revers de la main après cet aller simple de la paume, mais il n’en a pas eu le temps, plaqué au sol façon rugbyman par le service de protection de Manuel Valls. Si quelqu’un a subi une correction, une raclée, une dégelée, une dérouillée, une volée sans bois vert, voire une rouste, une trempe ou une rossée, c’est bien lui. Cela dit, il serait malvenu de protester, ce jeune Nolan, car après tout, il l’a bien cherché. En faisant une rapide recherche, j’ai été impressionné par la richesse et l’étendue du vocabulaire que l’on peut employer pour désigner ce coup porté au visage d’autrui à l’aide de la main. De la simple baffe à la calotte, de la mornifle à la mandale, de la beigne à la châtaigne, en passant par le gnon ou le horion, le pain, la tarte, la taloche ou la giroflée, les mots ne manquent pas pour illustrer cet affront destiné à blesser autant l’amour propre que de porter atteinte à l’intégrité physique de l’adversaire.
C’est probablement pour restaurer son honneur, s’il est encore possible de le faire, que Manuel Valls a décidé de porter plainte, alors qu’il avait minimisé le jet de farine qui l’avait accueilli à Strasbourg. Cette fois, il a voulu laver le camouflet, l’humiliation, la vexation, l’avanie, l’outrage confinant à l’indignité, l’offense en un mot. Il a d’ailleurs obtenu gain de cause puisque le jeune homme a été condamné à 3 mois avec sursis en comparution immédiate. Il a également tenté de retourner la situation en sa faveur, affirmant que sa candidature dérangeait ses adversaires, ce qui est loin d’être démontré. S’il y a lieu de s’inquiéter, ce serait de la dévalorisation de la politique et des personnes qui l’incarnent, ainsi que du climat détestable de défiance généralisée dans lequel les citoyens n’envisagent plus que la force comme ultime recours contre les violences institutionnelles qui les assaillent de toutes parts.