Pâté d’alouette
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 2 avril 2016 10:39
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez la recette du pâté d’alouette : un cheval, une alouette. Vous mélangez soigneusement, salez, cuisez, c’est prêt. D’aucuns prétendent que l’on reconnait plus le goût du cheval que celui de l’alouette, mais je pense qu’ils sont de parti-pris. L’analyse que font les syndicats dits « réformistes » de la nouvelle mouture de la loi sur le travail me paraît s’apparenter largement à cette recette de cuisine concoctée par le chef marmiton qui dirige le gouvernement. Pour justifier leur adhésion à des mesures qui sont manifestement défavorables aux salariés dont ils sont censés défendre les intérêts, ils mettent en avant des dispositions marginales, dont l’impact sera très faible.
C’est le cas du compte personnel d’activité qui regroupe des droits existants, tels que le compte pénibilité et le compte formation. Ce n’est pas en soi une mauvaise mesure, non plus que la fameuse garantie « jeunes » supposée aider les 16-25 ans peu ou pas diplômés à s’insérer dans le marché du travail. Pourquoi faudrait-il « payer » ces petites avancées par l’abandon d’acquis sociaux péniblement conquis de haute lutte? En acceptant de renverser la hiérarchie des décisions pour donner la primauté aux accords d’entreprise, les syndicats signataires pensent renforcer leur influence et négligent le rapport de force qui sera fréquemment défavorable, au lieu de s’appuyer sur les accords nationaux et les accords de branche, qui mettent des garde-fous contre l’arbitraire.
Après la reculade sur la révision constitutionnelle, on peut comprendre qu’il soit difficile d’accepter un nouvel échec pour ce gouvernement et qu’il n’ait pas envie de retirer purement et simplement son texte comme le demandent les manifestants toujours plus nombreux. Il existe pourtant une façon honorable de sortir de cette impasse. C’est de maintenir les quelques dispositions en faveur des jeunes et des salariés, et pourquoi ne pas les étendre en créant de nouveaux droits, et de décider que le dialogue social ne pourra en aucun cas détruire ce qui a été acquis à un niveau supérieur, afin d’éviter que ce soit toujours le moins-disant social qui l’emporte. Quant aux dispositions facilitant les licenciements, elles n’ont pas fait la preuve de leur efficacité et n’ont rien à faire dans un texte de gauche. Cela déplaira certainement au Medef et aux libéraux, mais à quoi bon élire une majorité progressiste si c’est pour faire une politique de droite ? En somme, il s’agit de débarrasser le pâté de tout son cheval inutile et nuisible, pour retrouver enfin le bon goût de l’alouette.
Commentaires
hollande a le chic de s'empêtrer dans une
situation inextricable :pourquoi n'a t'il pas écouter Taubira? il se prépare une triste fin de règne...ses manœuvres avec les syndicats réformistes sont, je l'espère, vouées à l'échec vive la prochaine manif sans pluie . !! ! !! ! !