Canular
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 1 avril 2016 09:54
- Écrit par Claude Séné
1er avril oblige, je porte une attention particulière à la presse écrite ou parlée afin de débusquer les fausses nouvelles que tout journaliste qui se respecte se croit obligé de glisser dans le flot de l’actualité pour mettre à l’épreuve notre sagacité et notre attention. En la matière, il existe au moins deux stratégies. La première consiste, comme à France Inter, à faire appel à des humoristes patentés, et à faire précéder les blagues de sortes de guillemets radiophoniques, une manière de nous dire : « attention ! Ce qui suit est un énorme poisson d’avril, n’y croyez surtout pas. »
L’autre méthode, plus insidieuse, c’est de faire en sorte que la nouvelle, pour surprenante qu’elle soit, apparaisse comme vraisemblable, et en somme, puisse être considérée comme authentique. C’est dans ce délicat équilibre entre fiction et réalité que se situe tout l’art du canulariste. Par exemple, vous n’êtes sûrement pas tombé dans le panneau de ce fabricant de blagues, un néologisme que je viens d’inventer à l’instant pour les besoins de la démonstration. La difficulté, c’est qu’il ne faudrait pas que la fausse nouvelle éclipse le démenti, qui doit tarder un peu pour laisser à la blague le temps de faire son petit effet. J’en arrive donc à mon propos, qui est de vous aider à démêler le vrai du faux.
Et en ce 1er avril 2016, vous vous êtes peut-être laissés abuser par cette énorme mystification selon laquelle Xavier Bertrand se serait fait voter une rémunération de 4 000 euros mensuels pour exercer les fonctions de président de l’agglomération de Saint-Quentin. Allons ! Un peu de jugeote ! Réfléchissez ! Voilà un homme qui a fait campagne en affirmant qu’il ne cumulerait pas les mandats, qu’il ferait ce qu’il avait promis, et qui gâcherait tout pour 4 000 misérables euros mensuels ? La ficelle est un peu grosse et je suis surpris que vous ayez pu lui accorder le moindre crédit.
Pour donner un semblant de vraisemblance à cette supercherie, la Voix du Nord explique que Xavier Bertrand s’est trouvé obligé de compenser la perte de ses indemnités de député et de maire de Saint-Quentin, mandats qu’il a effectivement abandonnés, se contentant de cumuler les fonctions de président de région, de conseiller municipal et de président de la communauté urbaine, le tout ne lui rapportant que 9 236 euros bruts par mois, une misère qui correspond peu ou prou au plafonnement indemnitaire des élus. Voilà, ne me remerciez pas, mais je compte sur vous pour être attentifs tous les premier avril, et même les autres jours.