Si ce n’est moi…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 28 mars 2016 08:32
- Écrit par Claude Séné
C’est donc mon frère. On connait désormais ce qui parait être la ligne de défense de Salah Abdeslam, le logisticien des attentats de Paris arrêté vivant et sur lequel on portait des espoirs de compréhension de la logique infernale des terroristes. Et l’on risque d’être déçu, au vu des premières et rares déclarations du désormais mis en accusation. Selon lui, il n’aurait fait que suivre les instructions de son frère ainé, Brahim, qui ne peut plus le contredire puisqu’il s’est fait exploser après avoir participé au mitraillage de terrasses de café qui a fait de nombreuses victimes.
Sur l’origine de l’argent qui a servi à la préparation des attentats, il se défausse également sur son frère et prétend en ignorer la provenance. Il devait lui aussi se faire sauter au stade de France et parait ne pas en avoir eu le courage. Nous sommes bien loin du portrait-robot du kamikaze résolu et convaincu, prêt à se sacrifier pour mourir en martyr, ce qui lui vaudra le salut éternel et l’admiration des futures générations chez qui il est censé susciter des vocations. Et ce n’est peut-être pas un cas isolé, puisque le « troisième homme » qui a été identifié par la police belge comme un pseudo-journaliste indépendant s’est enfui en abandonnant sa valise, celle qui contenait la charge explosive la plus importante, dont le mécanisme de mise à feu n’a fort heureusement pas été actionné dans le hall de l’aéroport de Bruxelles.
Autre fissure dans l’image de Salah Abdeslam, son souhait d’être finalement jugé en France après un transfert rapide, qui semble lié à l’hostilité qu’on lui témoignerait en Belgique. Il s’attendait à quoi ? Du thé à la menthe et des cornes de gazelle ? À moins qu’il ne s’agisse d’une mise en scène correspondant à une stratégie mûrement réfléchie, ce dont je doute, le terroriste islamiste serait un maillon faible de l’organisation. Contrairement à la propagande de Daech, tout le monde n’est pas prêt à mourir pour la cause. Une des caractéristiques des djihadistes connus récemment, c’est qu’ils viennent souvent du petit ou du grand banditisme, et ne sont religieux que par surcroit et parfois de fraiche date. Ce serait leur faire beaucoup d’honneur que de leur attribuer du courage. Tout au plus ont-ils du cran, et encore, pas tous, pour exécuter des actions risquées, méprisant leur propre vie autant que celle des autres. Tuer des victimes innocentes au hasard, sans leur laisser la moindre chance de s’en sortir, j’appelle cela de la lâcheté, et je ne vois là aucune trace de courage.