Complot et paranoïa
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 21 février 2016 10:59
- Écrit par L'invitée du dimanche
Ayant eu beaucoup d’autres sujets pour mes billets depuis les attentats de Paris, j’ai laissé de côté un thème qui me préoccupe beaucoup, celui de la théorie du complot, fort déployé et exploité à ce moment-là. Par définition prise dans Wikipédia, la théorie du complot — également désignée, de façon plus récente, par les néologismes conspirationnisme ou complotisme — propose de donner une vision de l’histoire perçue comme le produit de l’action d’un groupe occulte agissant dans l’ombre d’un récit théorique qui se prétend cohérent et cherche à démontrer l’existence d’un complot entendu comme le fait qu’« un petit groupe de gens puissants se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des évènements ». Les explications officielles ou scientifiques établies par les pouvoirs publics et relayées par les grands médias d’information seront structurellement discréditées.
Le grand vecteur de diffusion de cette théorie c’est bien sûr les réseaux sociaux pas toujours faciles à contrôler ! Les attentats de Paris aussi bien que ceux du 11 septembre aux USA accusent le gouvernement d’en être à l’origine pour justifier l’état d’urgence et assurer une politique anti musulmane, à moins que ce soit ourdi par une élite judéo-franc-maçonnique ou l’axe New York Israël. Les auteurs sont même capables d’apporter des preuves, ce n’était pas un hasard si l’hôpital de la Salpêtrière avait ce matin-là fait une répétition de situations d’attentats !!! Les responsables de cette théorie savent très bien que ce n’est pas la vérité, mais ils peuvent toucher les masses et faire passer l’islamiste radical pour une victime plutôt qu’un bourreau. Même si ces arguments paraissent caricaturaux à un individu équilibré, ils mobilisent une population plutôt jeune en perte de repères et de valeurs et qui trouve à partir de ces développements une forme de rébellion contre la société et toutes ses institutions, tous complices dans le même système. L’objectif c’est de faire passer les islamistes radicaux comme des héros solitaires tels que Soral ou Dieudonné.
Sociologues comme politiques pensent à juste titre qu’il faut prendre au sérieux cette multiplication de théories, nocives, car début de tous les totalitarismes, qui grâce au monde digital vont se multiplier. À défaut d’agir sur leur émergence et leur diffusion, il importe pour les combattre que tous se mobilisent sur les mêmes réseaux, par exemple en les caricaturant, les parodiant, les ridiculisant, ou comme l’État l’a fait en créant un site « hashtag/OnTeManipule », en demandant à tous les citoyens d’être vigilants en signalant tous propos racistes, d’incitation à la haine ou de diffamation afin que leurs auteurs soient punis en application de la loi, et dans le cadre de l’éducation nationale de faire de très larges informations, commentaires et analyses chaque fois que l’occasion se présente de dégonfler les rumeurs toxiques.
Même si le phénomène est à prendre en compte, il nous reste quand même à le relativiser, afin de ne pas tomber à notre tour dans la paranoïa qui ronge tous ces agitateurs !
L’invitée du dimanche