Chair à canon

À la veille du centenaire de la bataille de Verdun, symbole de la boucherie que fut la « Grande Guerre », commence la discussion autour du projet de réforme du Code du travail, porté par la ministre, Myriam El Khomri, qui va défendre « courageusement » un texte qui devrait lui paraitre contraire à toutes ses convictions. On aurait envie de la soutenir et de sauver le soldat El Khomri, pour toute une série de raisons, mais force est de constater qu’elle est instrumentalisée dans un combat qui n’est pas le sien.

Quand elle se fait piéger par Jean-Jacques Bourdin sur le renouvellement des CDD, montrant un manque de maitrise des dossiers, j’ai eu tendance à l’excuser, presque à considérer que le manque de formatage et le non-recours à la langue de bois avaient un côté rafraîchissant, mais nous n’en sommes plus là. La ministre du Travail, fraîchement reconduite dans ses fonctions, ne s’est apparemment pas posée de questions sur le fait que ce soit elle, et non Emmanuel Macron, qui a été choisie pour présenter ce texte, destiné à soulever des polémiques à gauche et à concentrer toutes les attaques sur ce qui apparait bel et bien comme un reniement des valeurs traditionnelles de son propre camp. Ne serait-ce pas qu’elle est considérée comme plus malléable et facile à contrôler que l’ingérable ministre de l’Économie et des Finances ? Un statut de fidèle exécutante qu’elle a aussitôt assumé en évoquant le possible recours à l’article 49.3 pour faire passer le texte en force si nécessaire. Ballon d’essai aussitôt démenti par le général en chef Hollande.

La perspective de prendre des coups, associée à celle de devoir abandonner la plupart de ses principes, ne semble pas dissuader Myriam El Khomri, pas plus qu’elle n’a fait renoncer Emmanuelle Cosse, pourtant agonie d’injures par ses anciens camarades pour son entrée au gouvernement. Quelle est cette folle ambition qui fait monter au créneau tous ces anonymes dont seuls quelques-uns deviendront des héros ? On aimerait croire que ses motifs sont exclusivement altruistes et ne sont pas motivés par les avantages matériels liés à la fonction ou à la vanité du statut qui s’y attache. Pourtant la réaction de l’ancienne ministre de la Culture qui assure ne pas avoir pleuré à l’annonce de son débarquement sans ménagement, indique qu’elle considère qu’on lui devait quelque chose, quand ce serait plutôt l’inverse.

La bataille du Code du travail fera peut-être quelques victimes dans le personnel politique, mais c’est la masse des salariés qui fournira, comme d’habitude, les plus gros bataillons de sacrifiés.

Commentaires  

#1 poucette 20-02-2016 16:37
c'est tellement navrant que l'on puisse atteindre un tel niveau de reniement de toutes les valeurs de notre démocratie qu'il reste à souhaiter un coup de balai
de toutes ces dangereuses marionnettes
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