Retenez-moi

Ou je fais un malheur. C’est en substance le discours que tient le Royaume-Uni à ses partenaires européens pour justifier les demandes de concessions en échange d’un soutien bienveillant au référendum sur son maintien dans l’Union européenne. Comme dans la vraie vie, Cameron gesticule et se plaint que l’on ne le retienne pas avec suffisamment de vigueur, au point qu’il ne s’en faudrait pas de beaucoup pour qu’il échappe à ses « amis » et soit obligé d’en découdre pour de bon. Un peu comme le matamore qui s’écrie : « je ne sais pas ce qui me retient… », et à qui l’on répond froidement : « la lâcheté, peut-être ? »

Car on voit bien qu’il y a dans cette posture de menace d’un Brexit une grande part d’hypocrisie. Tous les experts s’accordent sur le fait que l’UE a beaucoup à perdre d’un départ de la Grande-Bretagne, mais aussi que l’Angleterre y laisserait elle-même pas mal de plumes. L’Union sans les Anglais serait évidemment affaiblie, et l’exemple pourrait être communicatif pour des pays tentés de sortir à leur tour, au gré de leur intérêt immédiat, faisant ainsi capoter définitivement un projet commun plus ambitieux. D’un autre côté, le Royaume-Uni a souvent été un boulet en ne voulant pas participer à la zone euro, tout en prétendant lui imposer ses vues pour protéger la place financière de Londres.

Si l’Europe a si mauvaise presse dans la plupart des pays qui la composent, ce n’est pas par un excès de politique commune, mais bien par l’absence d’un projet cohérent qui dépasserait le simple marché unique et la libre circulation des personnes, des biens et des services. Les Européens ont besoin d’une harmonisation sur le plan économique, monétaire, fiscal, social, ou sur celui de la défense et de la diplomatie. Toutes choses extrêmement difficiles à réaliser à 28, et pour lesquelles un noyau de quelques pays, dont la France et l’Allemagne, pourrait être le moteur, mais se heurterait inévitablement à la Grande-Bretagne, qui a voulu à toute force rentrer dans l’Union, dans le but de la contrôler et de l’empêcher de menacer ses propres positions. Avons-nous tellement intérêt à retenir de force un partenaire aussi peu coopératif, qui veut le gâteau et l’argent du gâteau ? Faut-il faire par avance tant de concessions pour que peut-être les électeurs britanniques décident finalement de quitter le navire ? Personnellement, j’aurais bien envie de répondre à David Cameron : « chiche, monsieur le premier ministre, choisissez, vous êtes libre, et nous aussi. »

Commentaires  

#1 jacotte 86 19-02-2016 12:09
je connais quelqu'un qui aurait dit: bof bof ils veulent leur indépendance? qu'ils la prennent...vous voyez qui je veux dire!
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