L’alchimiste

Le rêve de tout alchimiste qui se respecte est de transformer un métal ordinaire, tel que le plomb, en un métal précieux, de l’or par exemple. L’avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, outre qu’il semble en passe de se faire une rente à vie grâce à son client, me semble être de ce bois-là. Ne voilà-t-il pas qu’il trouve le moyen de se réjouir d’une décision de justice qui place l’ancien président sous le statut de témoin assisté pour une part et le met en examen pour une autre part. Ne cherchez plus, ce gars-là détient à coup sûr la fameuse pierre philosophale.

Je ne sais pas ce qu’il adviendra de toutes les casseroles qui s’accumulent aux basques de son client, mais l’avocat, lui, a décroché la timbale. On imagine qu’il est payé à prix d’or, et franchement, il le vaut bien. Il me rappelle ce manager de boxe qui explique à son poulain qui vient de subir plusieurs KO debout, qu’il faut qu’il s’accroche parce que son adversaire est en train de s’épuiser à force de le frapper. Thierry Herzog trouve donc le moyen de se féliciter que Nicolas Sarkozy soit considéré comme témoin assisté dans l’affaire des fausses factures de Bygmalion, preuve, selon lui, que son client est innocenté de toute accusation de malversation, alors que cela signifie simplement que la preuve du contraire n’a pas été établie. Cela ressemble bougrement à un bénéfice du doute et très peu à la démonstration éclatante d’une innocence supposée.

Même lecture très optimiste de la mise en examen pour le dépassement des comptes de campagne de la présidentielle 2012. Certes, la présomption d’innocence est acquise à tout justiciable tant que l’affaire n’a pas connu de jugement définitif, mais les faits sont quand même établis. La commission de contrôle a rejeté les comptes du candidat Sarkozy, qui a dû faire un appel aux dons pour rembourser son ardoise. Le fait nouveau, c’est qu’on sait maintenant que le dépassement n’était pas marginal, mais que le budget avait été explosé de plus du double du montant autorisé, entrainant toutes ces irrégularités pour camoufler les dépenses illégales. Un mis en examen peut se présenter aux primaires et à l’élection présidentielle, puisque même un condamné comme Juppé le fera. Ce sera pourtant l’argument de Jean-François Copé pour justifier sa propre candidature, se faisant un titre de gloire de n’être « que » témoin assisté dans l’affaire Bygmalion, dans laquelle ses amis sont pourtant mouillés jusqu’au cou. Encore un postulant-alchimiste.