Racisme anti Corse ?

À la suite d’un match de football se déroulant à Reims entre l’équipe locale et le Sporting Club de Bastia, des heurts ont opposé un groupe de supporters corses aux forces de l’ordre. Un jeune homme a été blessé à l’œil, à la suite d’une chute selon la police, et d’un tir de flashball selon les amis de la victime. Il s’en est suivi une série de manifestations plus ou moins violentes dans l’île, et le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, tout en condamnant les débordements, a appelé à une enquête sur le comportement des forces de police accusées de racisme anti corse.

J’avoue que l’expression me laisse songeur. Elle tendrait à prouver que la police réprime différemment les agissements de supporters violents comme il en existe malheureusement dans presque tous les clubs, au seul motif qu’ils seraient insulaires ? J’en doute fortement et ce sera à l’enquête de l’établir. Cette expression est employée depuis assez longtemps et témoigne surtout d’un sentiment de victimisation lié à la revendication indépendantiste ou autonomiste. Sur un forum lancé l’an dernier par Corse Matin, les lecteurs se plaignent de l’exagération des affaires liées à la Corse et du rejet de leur communauté. Il me semble que c’est l’inverse. Une partie importante de la population, environ un tiers, a voté pour des formations demandant plus d’autonomie ou l’indépendance. Si cette faction devient majoritaire, il sera difficile de ne pas accéder à ses demandes, mais les Français semblent attachés à conserver l’île dans la communauté tant que ses habitants le souhaiteront.

S’il y a bien eu des incidents à caractère raciste en Corse, ils ont plutôt touché une autre population, celle des musulmans, toute une cité HLM ayant été prise à partie après l’agression stupide des pompiers attirés dans un guet-apens. Et je ne compte pas les nombreuses inscriptions racistes appelant au départ des Arabes qui fleurissent depuis bien longtemps. Cette dénonciation du racisme anti corse me fait penser au slogan de l’extrême droite qui aime mettre en avant le supposé racisme anti-blanc, qui permet de niveler les valeurs, de banaliser les discriminations, de justifier toutes les injustices faites aux victimes principales. Les nouveaux responsables politiques de la Corse devraient se garder de jeter de l’huile sur le feu et éviter les provocations inutiles comme la déclaration de Jean-Guy Talamoni parlant de la France comme d’un pays « ami ». Tant que le peuple corse, dont il se réclame, n’en aura pas décidé autrement, la France restera sa mère patrie, ce qui ne l’empêche pas d’être Corse, Européen, et même citoyen du monde si ça lui chante.