Vincent les a tuer

Vous connaissez le slogan, on ne change pas une équipe qui gagne ? Et bien si ! Quand on s’appelle Vincent Bolloré, qu’on s’est acheté un nouveau jouet qui s’appelle encore pour l’instant Canal plus, on n’hésite pas à risquer de le casser en torpillant une des émissions chargées de drainer un public pour l’inciter à s’abonner à la chaine à péage. S’il est vrai que l’émission en clair précédant le début de soirée battait de l’aile depuis assez longtemps après le départ des « historiques » Philippe Gildas ou Michel Denisot, elle conservait un certain attrait grâce aux Guignols de l’info.

La décision de les retirer de l’antenne en clair, a été prise par le nouveau patron dès son arrivée aux manettes, pour des raisons obscures, mais qui pourraient avoir quelque chose à voir avec l’amitié de Vincent à l’égard de Nicolas, et la future présidentielle de 2017. On a sans doute exagéré le rôle de leader d’opinion des marionnettes en allant jusqu’à leur attribuer la réélection de Chirac, qu’ils avaient rendu « sympatoche » malgré leurs critiques acerbes du personnage à la tête de l’état, mais on n’est jamais trop prudent, et les sketches mettant en scène le précédent président ne sont rien moins que flatteurs.

Le problème du patron de Vivendi consistait donc trouver un moyen de placardiser les Guignols sans apparaitre comme un odieux censeur, d’autant plus que les Français plébiscitent les marionnettes, à 78 % quand leur cœur bat à gauche, mais aussi à 66 % quand il penche à droite. Opération réussie apparemment. D’abord, on a sevré les téléphages en repoussant sans arrêt le retour de leur pastille préférée. Les personnages de latex reviendront la semaine prochaine seulement, ça fait déjà 4 mois et demi de gagnés. Et ils seront en crypté, comme le fameux film du premier samedi du mois, à cause de leur contenu blasphématoire, je suppose. Pourtant les nouveaux auteurs qui ont remplacé les anciens, jugés trop provocateurs et impertinents, ont reçu la consigne de rajeunir et d’internationaliser l’émission, en y mettant moins de politique. Tiens donc !

Nous verrons bien ce qu’il en sortira lundi prochain, mais il y a un gros risque de faire d’un programme salutaire un produit incolore, inodore et sans saveur, avec des plaisanteries aseptisées et consensuelles. Pas de quoi faire remonter la cote de la chaine ni celle de son actionnaire, désapprouvé par 82 % des Français.