Cache-tampon

Vous connaissez bien sûr ce jeu qui consiste à cacher un mouchoir ou un tissu roulé en boule, d’où le nom de tampon, et à guider celui qui est chargé de le retrouver en lui indiquant s’il brûle ou s’il gèle selon qu’il s’approche ou s’éloigne de la cachette. C’est à un jeu de ce genre, une sorte de cache-cache, que se sont livré les parlementaires à propos de la requête déposée par des féministes d’abaisser la TVA sur les produits d’hygiène tels que les tampons. Après des allers et des retours entre le Sénat et l’Assemblée, il sera enfin fait droit à cette demande, non sans que certains parlementaires aient démontré leur archaïsme en la matière.

À leur décharge, il faut dire que le système de la TVA n’est pas parmi les plus simples et les plus logiques. Nous pouvons nous enorgueillir (ou pas ?) d’avoir inventé ce système dès les années 50 en France. En gros, si un commerçant achète un produit 100 euros et le revend 150, il doit collecter la TVA sur 150 et il se fait rembourser la TVA sur les 100, de façon à ne pas cumuler les taxes à toutes les étapes des transactions. Cet ingénieux principe que le monde nous envie a d’ailleurs été adopté par de nombreux pays européens, sans pour autant parvenir à une harmonisation des taux.

Car c’est toute la question qui a amené le débat sur la « taxe tampon ». Les produits ne sont pas soumis à un taux unique et universel. Ce serait trop simple. Il y a un taux dit normal, actuellement de 20 % en France, qui concerne la plupart des produits et services, et un taux réduit de 5,5 % qui s’applique aux produits de première nécessité. Pour faire bonne mesure, on a ajouté un taux intermédiaire de 10 % et un taux particulier de 2,1 %. Les tenants de la TVA à taux réduit pour les tampons dénonçaient une taxation à l’image des produits de luxe avec un brin de mauvaise foi puisque ce taux majoré qui a atteint jusqu’à 33 % est supprimé depuis 1992. Vous suivez toujours ? Alors je vous épargnerai les régimes spéciaux qui concernent la Corse et les Ultra-marins qui bénéficient de certaines exceptions. Reste que si les féministes ont eu gain de cause sur un point relativement secondaire, les inégalités homme femme subsistent sur beaucoup de plans, notamment salariaux, et les inégalités face à l’impôt également.