La « balkanysation » des esprits
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 17 octobre 2015 10:50
- Écrit par Claude Séné
Le maire de Levallois-Perret est à nouveau mis en examen, cette fois pour fraude fiscale. Il l’avait déjà été en juillet 2014 pour « blanchiment de fraude fiscale », « corruption » et « blanchiment de corruption », une affaire toujours en cours qui lui vaut une levée de son immunité parlementaire et une interdiction de sortir du territoire. La liste des affaires politico-judiciaires de Patrick Balkany, bien secondé par son épouse, serait fastidieuse. Sa première condamnation pour prise illégale d’intérêts remonte à 1996, c’est vous dire. Et depuis, ses démêlés avec le fisc et la justice ont été aussi réguliers que ses réélections par un public peu regardant.
C’est qu’il y a une méthode Balkany. C’est le renversement de la charge de la preuve, en quelque sorte. Plus les soupçons pèsent sur lui, plus c’est la preuve qu’il est innocent. Le fisc s’acharne sur lui ? Tant mieux ! Il aura le soutien des petites gens qui voient en lui un Robin des Bois moderne, à la différence près qu’il prend à tout le monde pour son profit personnel. Quant aux classes moyennes supérieures — oui, il n’y a pas de riches en France — qui forment le gros du bataillon de son fief électoral, elles admireront sa virtuosité dans la fraude et son culot, qu’elles envient en se contentant de grappiller quelques dissimulations de moindre envergure.
Grisé par la quasi-impunité dont il a bénéficié jusqu’ici malgré ses multiples implications judiciaires, et fort du soutien d’un électorat amnésique, Patrick Balkany a décidé de passer la vitesse supérieure et promet de contre-attaquer en assignant le fisc en justice. Le motif ? La concussion. Ce n’est pas un gros mot, mais le fait pour un officier de l’état de percevoir des sommes indues en abusant de sa fonction. Patrick Balkany fait montre ici d’une précision digne d’un des innombrables avocats qui constituent les troupes de son parti, parfois sans même être entrés dans un prétoire. Lui, il sait qu’il ne faut pas confondre concussion et corruption, qu’elle se distingue de la malversation voire de la prévarication, sans parler de magouillage, tripatouillage, extorsion ou autre forfaiture. À force de fréquenter les tribunaux il a acquis une certaine expérience, lui qui n’a pas le baccalauréat et s’est fait tout seul en héritant de l’entreprise familiale de prêt-à-porter. Au train où vont les choses, on peut parier qu’il va être de plus en plus innocent dans des affaires toujours plus nombreuses.