L’esprit pionnier
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 13 octobre 2015 10:24
- Écrit par Claude Séné
La troisième intifada a peut-être commencé à Jérusalem. Par analogie avec la première, qui a vu des gamins jeter des cailloux sur les soldats israéliens, surnommée la guerre des pierres, celle-ci serait « l’intifada des couteaux ». Des Palestiniens s’en prennent à des Israéliens pris au hasard et les frappent à l’arme blanche, entraînant immédiatement des représailles qui ne font qu’entretenir le cycle infernal de la provocation et de la répression. Chaque camp crie à son bon droit, les Palestiniens jugeant insupportable l’occupation israélienne, symbolisée par l’interdiction momentanée de l’accès à l’esplanade des mosquées, un lieu saint pour les deux religions.
C’est l’image du maire de Jérusalem, en civil, mais armé d’un fusil, patrouillant dans les rues de la ville, qui m’a inspiré l’analogie de ce conflit avec celui qui a opposé les pionniers américains aux Indiens pendant la conquête de l’Ouest. Comme les pionniers américains, les colons israéliens ont le sentiment que la terre appartient à celui qui la met en valeur. Comme eux, ils sont prêts à mettre les chariots en rond pour faire le coup de feu et défendre leurs familles et leurs biens. À l’occasion, ils confient leur sécurité aux « rangers » de l’armée israélienne, mais préfèrent exercer leur propre loi, celle du talion. Comme le général Sheridan, le premier ministre Netanyahou ne semble pas loin de penser qu’un bon Palestinien est un Palestinien mort. Tout comme les Indiens ne disposaient au départ que d’un armement rudimentaire, arc et flèches, tomahawks, lances, couteaux, les Palestiniens se servent de pierres et de poignards, compensant leur infériorité technologique par la ruse, voire la traitrise selon leurs adversaires.
Les Indiens ont été repoussés progressivement par l’avancée des colons américains qui ont exterminé leur source de richesse, les bisons, tout comme les Palestiniens voient leurs oliviers arrachés et leurs maisons détruites. On a fini par les parquer dans des réserves, comme le sont au fond la Bande de Gaza et la Palestine. Les Indiens étaient réputés pour être querelleurs et entretenir des rivalités entre tribus. Ils n’ont jamais été plus forts qu’unis autour de Sitting Bull, comme les Palestiniens autour d’Arafat, en son temps. On connait le sort qui est advenu des Indiens rescapés du génocide, devenus gardiens de leur propre musée, dans des territoires réduits à peau de chagrin. Ce ne peut pas être le destin des Palestiniens pour une communauté internationale digne de ce nom.
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