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Au radar
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 8 octobre 2015 10:13
- Écrit par Claude Séné
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Ce n’est pas pour me vanter, mais j’ai été jeune comme tout un chacun et il m’est arrivé de veiller jusqu’à des pas d’heure pour des raisons qui n’ont pas leur place ici et de devoir néanmoins me lever pour aller gagner mon pain. C’est dans ce genre de circonstances que l’on est contraint de se déplacer au radar, ce qui, contrairement aux apparences, n’offre aucune garantie quant à une arrivée à bon port et sans dommages. Radar, c’était aussi le nom d’une chaine de supermarchés dont le slogan évocateur disait : « Radar géant voit plus loin ».
C’est pourquoi je m’interroge sur la politique du gouvernement en matière de sécurité routière, qui me semble être une sorte de navigation à vue, l’œil rivé sur les statistiques de morts sur les routes, dont les fluctuations ne permettent pas de dégager un impact clair des mesures qui sont prises. Après avoir tiré la sonnette d’alarme sur l’augmentation des victimes en août, faut-il crier victoire du fait de la diminution en septembre ? Pas sûr. Le facteur qui explique la plus grande partie de ces résultats semble bien être la météo. Un autre élément qui joue sans doute réside dans le prix des carburants qui aurait incité plus de vacanciers à prendre leur voiture.
Il n’importe. La force d’inertie aidant, le gouvernement a décidé d’agir. En améliorant les infrastructures routières, ce qui serait son rôle ? Pas du tout. Constatant une stagnation des revenus engendrés par les radars fixes, l’état va encore en augmenter le nombre de 500 unités, sans compter 15 000 faux radars, des leurres dont on se demande s’ils ne sont pas destinés à renforcer la rentabilité des vrais en engendrant une lassitude et une baisse de vigilance des automobilistes. Car il faut savoir que 52 % des radars fixes sont implantés dans des zones où l’on n’a relevé aucun accident. Les automobilistes ont le sentiment d’être pris pour des vaches à lait, impression qui sera renforcée par le projet de confier à des sociétés privées le contrôle de la vitesse au moyen des radars embarqués dans des véhicules banalisés. De même qu’il faudra bien financer les nouveaux radars, vrais ou faux, ces entreprises devront générer des bénéfices pour assurer leur profitabilité. Tout porte à croire que les contrôleurs se posteront aux endroits les plus rentables sans se soucier d’accidentologie. Mais le ministre aura bonne conscience et les caisses se rempliront.