Turbulences
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 7 octobre 2015 10:59
- Écrit par Claude Séné
Il est une règle connue en psychologie sociale qui veut que l’on ne puisse pas se parler et se battre en même temps. Il suffit d’observer une cour de récréation pour s’en convaincre. En cas de dispute entre pairs, le ton monte, à la fois dans les aigus et dans l’intensité, mais tant que l’on se parle, même si c’est pour échanger des injures, on ne se tape pas dessus. Quand on en vient aux mains, comme l’on dit, c’est qu’on a épuisé toute autre forme d’échange, y compris verbal, et l’on ne se parle plus, si ce n’est à soi-même, sous forme d’interjections, d’onomatopées, de bruits divers.
C’est à la lumière de cette observation toute simple que je crois utile de comprendre l’épisode de violence qui s’est déroulé lors du comité central d’entreprise d’Air France. Les images du directeur des ressources humaines, quittant tant bien que mal l’enceinte de la réunion, perdant au passage sa chemise et sa dignité, ont fait le tour du monde, alimentant ainsi le sport national anglo-saxon : le « french bashing ». La classe politique française a presque unanimement condamné, à juste titre, cette violence qui a été le fait de quelques individus parmi les très nombreux manifestants opposés au plan social envisagé par la direction. Ce qui est ennuyeux, c’est que cette action condamnable a complètement occulté le fond du sujet, qui est l’avenir de la compagnie nationale, dans laquelle l’état français, c’est-à-dire vous et moi, joyeux contribuables, est engagé à hauteur de 16 %, et le plus gros actionnaire.
La direction a essayé de résumer le conflit à l’abandon de privilèges attribués selon elle aux pilotes, en leur demandant plus d’heures de vol pour le même salaire et en brandissant la menace de licenciement de 2900 salariés du groupe. Une exigence inacceptable pour les salariés, toutes catégories confondues. Un plan validé cependant par le premier ministre, qui saisit l’occasion de la dénonciation de la violence pour apporter son soutien à la direction, ce qui est pour le moins paradoxal pour un gouvernement qui se revendique de gauche.
Maintenant que la frustration a engendré des comportements condamnables, il faudrait au contraire remettre tout à plat. Il en est encore temps. Le dialogue social rompu peut être renoué, syndicats et direction admettent qu’il existe un espace de négociation. Si l’occasion n’était pas saisie, vous pouvez parier sur une nouvelle et couteuse flambée sociale.
Commentaires
mais bien entendu! et je ne prends aucun droit d'auteur...