La voie Royal
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 26 août 2023 11:06
- Écrit par Claude Séné
Avouez que vous ne l’aviez pas vu venir, celle-là. En tout cas, moi, qui me pique de chercher à rester informé, même dans les périodes estivales, je ne m’attendais pas à apprendre que Ségolène Royal, non seulement soutiendrait une liste éventuelle d’union des gauches dont feraient partie les Insoumis, mais aussi qu’elle était disponible, ça, on s’en serait douté au vu de son agenda politique, et prête à la conduire en juin 2024. À ma décharge, quand Ségolène Royal a fait cette annonce au cours de l’université d’été de LFI, elle en a surpris plus d’un dans l’assistance, y compris certains cadres du parti, craignant visiblement d’être victime d’un canular ou d’un poisson d’avril en août (y a plus de saisons !)
Cependant, Jean-Luc Mélenchon ne semblait pas si étonné de cette initiative et l’accueillait favorablement, ce qui permettait aux cadres du parti de l’approuver sans état d’âme, même ceux qui avaient cru à une blague dans un premier temps. Que LFI soit partisan d’une liste commune pour les Européennes n’est pas un scoop. La position officielle d’Europe écologie les verts est cependant déjà arrêtée, et ils présenteront leur propre liste à cette seule élection qui leur soit vraiment favorable, grâce à la proportionnelle. Je les vois mal y renoncer, quelle que soit la tête d’une hypothétique liste d’union. La personnalité de Ségolène Royal et le maigre bilan de son passage au ministère de l’Environnement ne me semblent pas de nature à changer la donne pour le parti écolo. D’un point de vue comptable, la gauche ne gagnerait probablement pas de sièges avec une liste d’union, contrairement à des législatives organisées sous le régime majoritaire à deux tours. Dans ce qu’il reste du parti socialiste, il n’y aurait pas non plus unanimité sur une alliance avec la France Insoumise, qui est l’objet d’une rancune persistante d’une tendance incarnée par l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve.
Vous l’aurez compris, les chances d’une liste d’union conduite par Ségolène Royal de voir le jour sont assez minces. Autant le projet de la NUPES sous la pression des évènements a été clairement la bouée de sauvetage qui a permis de limiter la casse pour les partis de gauche, autant l’initiative de Ségolène Royal, si tant est qu’elle en soit vraiment à l’origine, a peu de chances de changer la donne. La politique a horreur du vide, et l’ancienne candidate malheureuse aux présidentielles de 2007 ne s’est jamais remise de repasser de la lumière à l’ombre. Elle s’est perdue dans des combats douteux, jusqu’à se compromettre avec Emmanuel Macron pour un éphémère strapontin en marge du gouvernement en qualité « d’ambassadrice des pôles ». Ce nouvel épisode sera-t-il compatible avec son engagement prévu d’éditorialiste politique dans l’émission poubelle de Cyril Hanouna, « touche pas à mon poste », qu’elle devrait exercer à partir de la rentrée ? Un choix douloureux en perspective.
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