Je m’excuse

Cette formulation fautive, qu’il faudrait remplacer par quelque chose comme : « je vous prie de bien vouloir m’excuser », reflète assez bien l’état d’esprit des personnes qui l’utilisent. Au fond, le locuteur estime qu’il peut s’absoudre lui-même, en corrigeant ses propres déclarations, et que cela devrait suffire. C’est ainsi que le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a qualifié sa formulation de maladroite quand il a évoqué l’immigration à propos de la présence à la Réunion de Mahorais, tout aussi français que lui, puisqu’originaires du 101e département français. L’erreur est humaine, c’est vrai, mais elle a parfois bon dos. Le ministre aura beaucoup de mal à faire admettre qu’il n’est pas influencé par des préjugés et que ses déclarations ne reflètent pas des impensés culturels.

Il ne suffit pas de revenir sur ses propos pour les annuler rétroactivement. Encore faut-il que les personnes potentiellement lésées acceptent les excuses et pardonnent ceux qui les ont proférés. Or, en ce moment, une autre polémique secoue le paysage politique français. En effet, le mouvement écologiste EELV a invité le rappeur Médine à son université d’été qui se tiendra au Havre, la ville près de laquelle il habite. Ce personnage provocateur a fait scandale avec un jeu de mots très discutable à tonalité antisémite rappelant le « Durafour crématoire » de Jean-Marie Le Pen, de sinistre mémoire. Il parlait de « resKHANpée » à propos de Rachel Khan, petite fille de déporté de la Shoah. Depuis lors, le rappeur est revenu sur ses propos et s’en est excusé. La cheffe de file des Verts, Marine Tondelier, veut croire à la sincérité de ses excuses, et il a reçu le soutien de Jean-Luc Mélenchon. Dont acte. Mais sa présence, même si l’on tient compte de sa popularité auprès de la jeunesse urbaine, était-elle vraiment opportune ?

Je ne le crois pas. Médine n’en est pas à son coup d’essai. Ce n’est pas un perdreau de l’année. Il a 40 ans et il a eu le temps de s’excuser à de nombreuses reprises. D’abord pour son geste de la « Quenelle » emprunté à Dieudonné, ensuite pour des positions homophobes, sur lesquelles il aurait évolué, certains projets artistiques contestables et contestés, comme la chanson « don’t laïk » ou la série de concerts envisagée au Bataclan. À chaque fois, ses positions auraient été sorties de leur contexte, ses provocations prises au premier degré, et plus généralement relèveraient de la liberté d’expression. Si ces arguments peuvent être acceptables, leur répétition suggère qu’il ne s’agit pas de coïncidence, mais d’une orientation politique au sens large, que l’on peut rattacher globalement au mouvement des Frères musulmans. Et le dernier dérapage quant à lui est à mon sens inacceptable, excuses ou non, car l’antisémitisme, en France, est un délit et non une opinion.

Commentaires  

#1 jacotte86 19-08-2023 11:38
on excuse plus...on tue!!!
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