Repose en paix RIP
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 4 mai 2023 10:52
- Écrit par Claude Séné
Le rejet par le Conseil Constitutionnel du 2e texte de la gauche visant à soumettre la réforme des retraites à un référendum a probablement signé la fin définitive de cette procédure, quel qu’en soit le sujet. Il n’est pas anodin que l’acronyme de cette procédure, RIP, signifie à la fois référendum d’initiative partagée et en VO non sous-titrée, « rest in peace » qui accompagne souvent l’inhumation pour un dernier adieu. Même les promoteurs du texte ne se faisaient pas trop d’illusions, tant la procédure exigée pour consulter le peuple est un parcours semé d’embuches.
Qu’on en juge plutôt. Il aurait fallu que 10 % du corps électoral signent une demande de consultation, soit près de 5 millions d’électeurs, ce qui aurait probablement été le cas, au vu du rejet massif de cette réforme, mais il restait encore 6 mois aux deux assemblées pour se saisir du texte proposé, et ce n’est qu’en cas d’échec que le président aurait pu procéder à l’organisation du référendum. Ce RIP n’a pas été appliqué depuis sa création en 2008 pendant le quinquennat Sarkozy, et ne le sera probablement jamais, car il gêne le pouvoir présidentiel qu’il dépouille de ce qu’il considère comme son exclusivité : la consultation populaire. Le référendum, pourquoi pas, mais à ses conditions et à son rythme. L’épée de Damoclès qu’aurait constituée cette menace de prise du pouvoir par le peuple, au moyen d’une consultation dont le résultat ne ferait guère de doute, est insupportable pour un président déjà très empêché. Ce n’est pas très étonnant cependant que les « gilets jaunes » et d’autres citoyens contestataires réclamaient plutôt l’instauration d’un RIC, référendum d’initiative citoyenne, qui se serait imposé à tous, moyennant des procédures plus souples que le RIP.
Est-ce pour autant la fin de la contestation de la réforme des retraites, comme l’espèrent le président et son gouvernement ? Pas vraiment. L’intersyndicale tient, malgré des approches parfois différentes du dialogue avec le pouvoir. Elle appelle à une nouvelle journée de mobilisation avant l’examen d’une proposition de loi du groupe LIOT, celui-là même qui a fait vaciller le pouvoir en déposant une motion de censure qui a failli être adoptée à 9 voix près. Les syndicats sont bien conscients qu’il faudra un jour ou l’autre revenir à la table de négociation, mais ils savent aussi que le pouvoir devra lâcher du lest après avoir subi un harcèlement social et parlementaire et s’être aliéné durablement la faveur de l’opinion. Le durcissement des manifestations est imputé au pouvoir, incapable de stopper les casseurs, sans nuire aux organisateurs dont la bonne foi et la compétence sont reconnues. Tant que les Français soutiendront le mouvement, il ne s’arrêtera pas, malgré les incantations gouvernementales.