Un petit pas pour la fin de vie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 4 avril 2023 10:42
- Écrit par Claude Séné
La question de l’euthanasie reste parmi les plus délicates, que le législateur n’aborde qu’avec la plus grande prudence, tant elle touche à la fois à l’intime et à l’universel. Si Nicolas Sarkozy avait l’habitude, dans un circuit réflexe, de proposer une loi immédiate à chaque fait-divers, Emmanuel Macron a tendance à organiser un grand raout médiatique sous forme d’une convention citoyenne à grand renfort de trompes et de battage dans les organes de presse. La dernière en date a réuni pendant quatre mois 185 citoyens tirés au sort, et vient de remettre ses conclusions.
Je reviendrai sur le contenu une autre fois, mais intéressons-nous à la méthode. Un des participants, qui a été reçu par le président, est enthousiaste sur le procédé. « C’est fabuleux pour la démocratie ! » s’exclame-t-il, à la suite de l’annonce, par Emmanuel Macron, d’un projet de loi pour l’été prochain. Reste à savoir quel sera le contenu de cette loi, mais admettons. Un grand pas pour l’humanité, donc selon l’inspirateur de ces consultations non contraignantes. Si les conventions citoyennes sont si intéressantes et que le hasard du tirage au sort fait émerger automatiquement une représentation fidèle de l’état de l’opinion, on ne peut que regretter que le président et son zélé gouvernement n’aient pas utilisé la même procédure pour chercher une solution à la question des retraites. Nous n’en serions pas en ce moment à constater un abîme entre le sommet de l’état et les sujets de Sa Majesté, radicalement opposés à la réforme imposée par le pouvoir. Vous me direz qu’il suffisait de consulter les représentants syndicaux de ce peuple, ou bien de commander un simple sondage d’opinion, comme le pouvoir en fait faire par dizaines, pour avoir une idée de la réponse. Mais la convention citoyenne apporte une légitimité supplémentaire.
À condition de respecter ses travaux, ce qui est loin d’avoir été le cas lors de celle consacrée au réchauffement climatique. Emmanuel Macron a foulé aux pieds son engagement de transmettre « sans filtre » les propositions des citoyens et au bout du bout, la montagne a accouché d’une souris. Cette fois-ci, il s’est bien gardé de promettre quoi que ce soit, et ce sera le choix du prince qui prévaudra, comme d’habitude. Rien n’empêchera le chef de l’état, s’il le juge bon, de mettre le rapport des citoyens à la poubelle, comme il a balayé d’un revers de main le plan banlieue qu’il avait pourtant commandé à Jean-Louis Borloo avant de l’humilier publiquement en 2018. Depuis lors, le président a dévoilé sa véritable nature autoritaire qu’il dissimule mal derrière des postures démocratiques. Et ce n’est pas l’annonce d’un plan décennal pour améliorer les soins palliatifs qui soulagera les souffrances des Français, toujours contraints de chercher à l’étranger, s’ils en ont les moyens, la possibilité de mourir dans la dignité.