Ni pour ni contre…

Bien au contraire

Voilà une figure de style dont j’ai du mal à trouver le nom, ce n’est, ni un sophisme, ni une coquecigrue, encore moins une litote, à tout prendre peut-être une antithèse ou une antiphrase, mais cela paraît quand même une ineptie, une absurdité, une sottise ! Il ne faut pas s’y laisser prendre, elle cache beaucoup plus de sens qu’on pourrait le croire !

Cette phrase a été rendue célèbre par Coluche, qui n’en serait pas l’auteur. Elle serait attribuée à l’ancien maire de Tours, Jean Royer (qui combattait la pornographie et l’avortement), lui donnant sa place dans le monde politique. 

Dans une première approche, on entend bien le désir de ne pas prendre parti, ce qui peut être entendu comme une lâcheté, un essai de compromis, un refus de l’affrontement, peut-être par manque d’arguments, ou par manque de convictions. On sent la recherche d’une neutralité, d’un non-engagement. Cela cache aussi le désir de ménager un électorat qu’on embrouille et qui risquerait de vous désavouer face à un engagement clair et net !

Ces explications vont de soi, si l’on se contente du début de la formule « je suis ni pour ni contre », mais le « bien au contraire » vient semer la zizanie. Il sous-entend que l’on peut être d’accord avec deux propositions opposées, difficile exercice. On peut rapprocher cela de la formule normande « p'tet bien qu’oui, p'tet bien qu’non ».

Les grands questionnements actuels ne manquent pas pour que politiques ou engagés syndicalistes se cachent derrière ce qui pourrait être pris pour une boutade !

Depuis plusieurs mandats, les gouvernants par rapport au nucléaire : entretien des centrales, fermetures… échec des EPR, ou par rapport aux énergies renouvelables qui n’ont pas été suffisamment développées, ont tous été à un moment crucial « ni pour ni contre… ». On voit aujourd’hui le résultat de ce manque de courage pour prendre une orientation nette… la France manque de ressources énergétiques, doit faire appel à ses voisins, et menace de coupures (pas des délestages) ! dans les mois d’hiver à venir !

Les tergiversations sur l’élaboration d’une loi autorisant l’euthanasie en fin de vie sont un exemple aussi, sur la formule citée en titre de ce billet !

Après sa déclaration d’être « ni de droite ni de gauche » Macron, par son louvoiement continuel, par son débauchage d’adhérents des partis d’opposition, n’a réussi qu’à semer la confusion, semant un parfum de trahison qui empoisonne la démocratie. On aurait tout compris au film, s’il avait ajouté « bien au contraire ».

La démocratie est fragile, elle exige des convictions, du courage, le dépassement de ses ambitions et des engagements clairs, une capacité de se remettre en question, d’écouter tous les points de vue, et d’accepter les contradictions sans les ignorer systématiquement à coups de 49 trois…

 « Que l’on soit de droite ou de gauche, on est toujours hémiplégique disait Raymond Aron… Raymond Aron qui était de droite » Desproges.

L’invitée du dimanche