L’escalade
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 14 avril 2021 10:46
- Écrit par Claude Séné
En plein procès de Derek Chauvin à Minneapolis, le policier qui a maintenu George Floyd au sol pendant plus de 8 minutes, entraînant sa mort par asphyxie, une nouvelle affaire de bavure policière a eu lieu dans la même ville. Cette fois encore, c’est un jeune afro-américain qui a été abattu par une policière, qui aurait confondu son taser, une arme supposée non létale, avec son pistolet de service. Une thèse confirmée par l’enregistrement de la caméra piéton portée par la policière, où on l’entend distinctement s’exclamer « merde ! je lui ai tiré dessus » après avoir annoncé qu’elle allait faire usage de son taser.
On ne sait pas s’il faut être moins effrayé par l’incompétence manifeste de cette personne, habilitée à porter et faire usage d’une arme à feu, que de la malveillance probable qui a conduit son collègue, Derek Chauvin, à faire un usage inconsidéré de la force. La règle veut que l’on porte son arme du côté de sa main préférentielle et le taser de l’autre côté. Le taser est visuellement très différent du pistolet et pèse 4 fois moins lourd. Tout risque de confusion devrait être ainsi écarté, et l’entraînement du policier devrait lui permettre de garder le contrôle même dans des circonstances difficiles, qui n’étaient pas réunies dans ce cas précis.
Il semble que la dimension raciste active soit absente du deuxième homicide. Il n’est fait aucune mention de la couleur de peau de la policière. Cependant, les victimes sont noires dans les deux cas, et ce n’est pas un hasard. Les États-Unis n’ont pas résolu la question raciale, et les noirs américains considèrent qu’ils ne sont pas en sécurité à proximité des forces de l’ordre. Daunte Wright a tenté de s’échapper au cours du contrôle de police et il y a laissé sa vie. Une mort largement évitable si l’on considère qu’un simple problème de plaques d’immatriculation ne devrait pas nécessiter de menotter un automobiliste. Il a également été reproché à Daunte Wright de ne pas avoir répondu à une convocation par visioconférence, qui lui avait été envoyée à une mauvaise adresse.
On voit bien que cette mort reflète un dysfonctionnement systémique qui frappe une nouvelle fois la communauté noire et ne peut qu’exaspérer les tensions déjà existantes. En semblables circonstances, Donald Trump avait jeté de l’huile sur le feu, mais Joe Biden ne fait guère mieux en déclarant qu’il n’a pas appelé la famille de la victime, car il attend les résultats complets de l’enquête, avec une prudence hors de propos. On l’a connu plus offensif quand il n’était que candidat et qu’il avait besoin des votes afro-américains. Il condamne aussi très fermement les violences et les pillages, sans reconnaître que ce sont les injustices permanentes et les dénis de démocratie qui provoquent cette escalade et ces flambées périodiques.