Soyons fous

Il s’est passé un évènement presque inimaginable mercredi dernier. La chancelière allemande, Angela Merkel, a présenté des excuses à ses concitoyens pour avoir annoncé un confinement strict pendant les fêtes pascales, ce qui a soulevé de vives critiques dans la population. En en assumant l’entière responsabilité, elle a retiré ces mesures controversées. Dans la foulée, le président français, Emmanuel Macron, a également procédé à son mea culpa. Mais non, je déconne. Il a fait un sua culpa, en regrettant que l’Europe, dont il est pourtant un des plus fidèles prosélytes, n’ait pas fait preuve de davantage d’ambition et même « de folie » dans la course aux vaccins.

Eh bien, chiche, monsieur le président. Soyons fous, n’hésitons plus à dépenser « un pognon de dingue », puisque la crise liée au Covid-19 a démontré que c’était possible, y compris en s’engageant à rembourser la dette ainsi contractée, à condition de retrouver une activité et en l’étalant suffisamment dans le temps. Mais dépensons-le pour des choses qui en valent vraiment la peine. On ne sait pas par où démarrer, tant la liste serait longue. À mon humble avis, il faudrait établir un ordre de priorité en commençant par les plus exposés, les plus fragiles. Par exemple, les sans-abris. Ah bah oui, il l’avait déjà dit, Emmanuel, qu’il n’y aurait plus d’hommes et de femmes dans les rues ou dans les bois à la fin 2017. D’accord, il parlait des demandeurs d’asile, mais l’idée est là : zéro SDF. Ensuite, relevons les minima sociaux en les indexant sur les retraites chapeau des grands capitaines d’industrie, afin que tous, y compris les jeunes, parmi lesquels les étudiants, mangent à leur faim sans devoir mendier leur nourriture et le reste auprès d’organismes caritatifs.

En deuxième lieu, je m’attaquerais au grand délabrement du service public et des fonctions régaliennes de l’état. Santé, Éducation, Police-justice, Culture, j’en oublie forcément, comme la politique de la Jeunesse et des Sports, disparue corps et biens au fil du temps. Et puis il faudrait s’attaquer aux inégalités de salaire, ne pas se contenter d’une vague promesse d’égalité des chances, qui se traduit par une disparité abyssale, ne serait-ce qu’entre les hommes et les femmes, mais forcer la société à pratiquer l’égalité réelle, sans négliger la vie démocratique, dans le respect des libertés fondamentales, individuelles et collectives. Au fond, la devise républicaine de liberté, égalité, fraternité suffirait déjà à occuper le chef de l’état, son gouvernement et l’armée de fonctionnaires de l’appareil d’état chargé de sa mise en œuvre. Évidemment, c’est moins valorisant que d’aller faire le beau à des réunions « de travail » avec les autres chefs d’état et de gouvernement pour pouvoir en rendre compte à la télévision comme si l’on en était l’artisan principal sinon unique.