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Les Jeux olympiques de la vaccination
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 6 janvier 2021 10:41
- Écrit par Claude Séné
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Les communicants qui nous gouvernent adorent les triptyques. Ceux-là mêmes que mon prof de philo appelait les chandeliers, ceux qui encadrent dans une symétrie aussi parfaite qu’artificielle le vase au centre de la cheminée et qui symbolisaient pour lui la pensée préformatée. Nous avons eu droit au fameux slogan : « dépister, tracer, isoler » destiné à masquer le fiasco du manque de tests après celui du manque de masques, avec sa variante « dépister, identifier, tracer, isoler », ou encore « tester, alerter, protéger ».
Après le démarrage poussif de la campagne de vaccination, qui m’a fait penser au spot publicitaire de Lustucru où un explorateur ramenait les grains de riz un par un, le gouvernement a décidé de passer la seconde. Attachez vos ceintures, ça va décoiffer. Olivier Véran a annoncé la couleur : il va amplifier, accélérer et simplifier la vaccination. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait tout de suite ? Mystère. Peut-être parce que la campagne a été confiée à un médecin qui confie ne pas être un logisticien, ce qui semble pourtant un minimum. Peut-être aussi parce que le gouvernement français, manquant visiblement de confiance dans ses capacités à convaincre la moitié de la population réticente à la vaccination, a cru bon de faire appel à un cabinet américain de conseil, bien mal inspiré en l’occurrence. Avec un aplomb sidérant, le ministre de la Santé s’est mis en devoir de convaincre les journalistes médusés qu’il fallait vacciner à tour de bras, comme si eux n’y avaient pas songé. Après l’éloge de la lenteur, le voilà qui prône sans sourciller la vitesse, toute relative d’ailleurs. Pour enfoncer le clou, le Premier ministre dénonce les polémiques « qui n’ont jamais sauvé une seule vie ». Eh bien, si. Sans les critiques fusant de toutes parts, le gouvernement serait toujours au point mort, le frein à main bien serré.
On nous a seriné que la vaccination n’était pas un sprint, mais plutôt un marathon. Soit. Il n’empêche que la crise sanitaire tue plusieurs centaines de personnes tous les jours, et coûterait environ un milliard par jour à la France. Que le pays de Pasteur ne soit pas à la pointe du combat est déjà choquant. Que celui du Baron Pierre de Coubertin, qui a remis les jeux Olympiques à l’honneur, ne mette pas tout en œuvre pour donner l’exemple, l’est tout autant. Si l’on aime les slogans en trois points, prenons celui-ci : plus vite, plus haut, plus fort, qui a fait ses preuves, et essayons de faire correctement les choses pour limiter au plus vite les dégâts. En matière de santé publique, il est impossible de se contenter de l’autre formule olympique, qui veut que l’important soit de participer.