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Méfiez-vous des contrefaçons
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 24 janvier 2020 10:42
- Écrit par Claude Séné
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Imitateur, c’est un métier. Il y faut beaucoup de travail et de persévérance, et surtout cela ne supporte pas l’improvisation. J’ai cru un moment qu’Emmanuel Macron voulait profiter de son déplacement à Jérusalem pour rôder un numéro d’imitateur en vue d’une reconversion dans le Music-Hall et le show-business. Malheureusement, il ne suffit pas de prendre un accent français à couper au couteau et de parodier le texte de son lointain prédécesseur pour évoquer irrésistiblement Jacques Chirac et sa célèbre sortie de 1996 quand il avait menacé de reprendre l’avion pour rentrer en France, agacé par la sécurité israélienne.
La vraie-fausse colère du président Macron, suivie d’embrassades ostensibles, semble n’avoir pas eu d’autre objectif que de donner des gages à tout le monde. Il offre ainsi l’image d’un président qui à la fois soutient Israël, mais aussi s’en démarque en affirmant une position autonome. Au-delà des postures, le fond de la position française consiste désormais à donner à Netanyahou un blanc-seing pour continuer à refuser une solution à deux états et à en empêcher une réalisation future en favorisant une colonisation massive. Jusqu’à un passé récent, les Palestiniens pouvaient fonder quelque espoir dans les pays qui, comme la France, manifestaient une certaine indépendance vis-à-vis de la politique incarnée par le Likoud, opposé à toute forme de reconnaissance des droits des populations arabes dans le pays. La majorité, soucieuse de ne pas s’aliéner la communauté des Juifs de France, a fait voter une résolution à l’Assemblée nationale visant à assimiler antisionisme et antisémitisme, position réaffirmée par le président Macron dans son discours.
Le souci, c’est que le Premier ministre israélien instrumentalise ces déclarations, à l’origine humanistes, pour en faire des armes de guerre contre tous ses opposants, et refuser le moindre compromis pour faire une place aux autres occupants historiques de la Palestine. C’est peut-être pour lutter faiblement contre cette hégémonie sans partage qu’Emmanuel Macron a voulu, symboliquement, démontrer que la France restait libre de ses mouvements. Officiellement, les cérémonies avaient pour but de célébrer le 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz et la fin de la Shoah, mais chaque dirigeant présent a eu à cœur de tirer la couverture à lui pour profiter de cette exposition médiatique. Wladimir Poutine a pris soin de revendiquer le rôle exclusif de l’Union soviétique, Mike Pence a exhorté le monde à combattre l’Iran, héritier de l’Allemagne Nazie, Benjamin Netanyahou a lui aussi stigmatisé l’Iran, accusé de préparer une nouvelle Shoah, et donc Macron a voulu contrebalancer son soutien à la politique israélienne avec cette petite pantomime chiraquienne. Son numéro n’est manifestement pas encore suffisamment au point pour nous faire espérer une réorientation professionnelle rapide.