![](/images/breton_assis.png)
Les nouveaux exilés*
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 1 décembre 2019 10:30
- Écrit par L'invitée du dimanche
![](/images/breton_assis.png)
L’exil, c’est au sens premier l’expulsion de quelqu’un de sa patrie avec défense d’y rentrer. Plus largement, c’est l’état de quelqu’un qui a quitté sa patrie sous la contrainte ou volontairement. C’est une forme de déracinement qui oblige vers un ailleurs, vers l’immigration passagère, parfois vers l’errance. L’exil peut toucher un individu ou tout un peuple, l’exil des juifs de Babylone est sûrement un des exils historiques les plus célèbres qui est à l’origine de la diaspora juive, d’autres peuples connaîtront leur dispersion, comme les Arméniens par exemple, créant un exil massif.
L’exil est souvent provoqué par des situations politiques difficiles à supporter, la venue du nazisme, du communisme ou de régimes totalitaires, sont à l’origine de beaucoup d’exilés célèbres pour ne citer que Freud, Marx, Soljenitsyne, Neruda, Garcia Márquez, Nabokov… sans oublier Victor Hugo, Zola, Simone Veil… ou par des intolérances religieuses, le Dalaï-lama, Taslima Nasreen, Salman Rushdie… la liste est sans fin, car il faudrait ajouter les milliers d’anonymes poussés à l’exil par l’échec des révolutions des années 48-49, leurs pays d’accueil ont souvent été l’Angleterre ou les USA.
Leur motivation était plus noble que celles de nos exilés modernes tels que Depardieu, Delon, Forget, Gasquet, Tsonga et autres sportifs et personnalités du showbiz ou des affaires comme Bernard Arnault qui s’exilent vers la Suisse, la Belgique, pour des raisons de gros sous, on parle d’ailleurs d’exil fiscal…
Certains exilés reviendront, d’autres non, leur vie est difficile au croisement de plusieurs cultures, poursuivis par le mal du pays avec la nostalgie de la terre natale, de sa langue, de ses proches, d’un monde laissé derrière.
C’est devenu une maladie de notre temps qui voit 2 500 000 Français partir à l’étranger, jeunes diplômés ou retraités inquiets. Deux cadres sur trois sont prêts à saisir une opportunité pour faire une carrière à l’étranger, avec souvent l’impression que la réussite y est plus facile, la crise n’est pas la seule explication. Le système éducatif met l’accent sur la mobilité, l’adaptabilité… dans le cursus des étudiants en commerce ou en ingénierie, un séjour à l’étranger est obligatoire, le programme Erasmus a encouragé fortement les échanges internationaux, ouvrant la curiosité, le goût de l’aventure pour un ailleurs dont on ne sait pas si l’on reviendra, la recherche de l’enrichissement personnel et professionnel, la meilleure rémunération arrive en cinquième position dans leur motivation !
Les pays qui attirent ces exilés volontaires sont l’Australie et le Canada, la Chine et les pays asiatiques. Mais peut-on vraiment parler d’exil volontaire ? Qui choisit vraiment un déracinement ? Derrière cette décision, il y a soit le besoin d’un avenir meilleur, celui d’échapper à une pression familiale, de fuir une situation difficile ou de prouver à soi-même ou aux autres ce dont on est capable…
Autres questions : y a-t-il des exils heureux ? Peut-on faire fi de ses racines ? Comment échapper aux dilemmes culturels, à la question de son identité nationale, comment ne pas s’interroger sur ceux qui sont restés et sur la façon dont ils vivent cette espèce de trahison des liens originaux ? Comment négocier un retour, quand au pays presque tous vous ont oublié ? …
Forcé ou choisi, l’exil n’est pas un long fleuve tranquille.
*en plus du problème mondial actuel du flot des exilés sous les contraintes économiques, politiques, religieuses, climatiques, que l’on préfère appeler migrants.
L’invitée du dimanche
Commentaires