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C’est qui le patron ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 28 novembre 2019 10:35
- Écrit par Claude Séné
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Pour les Français, le patron c’est « bibi », comprenez Emmanuel Macron, le président de la République, par qui tout ce qui revêt une certaine importance doit passer. Ce n’est donc pas étonnant que les agriculteurs en colère aient demandé à le voir pour obtenir une meilleure rémunération de leur travail. Mais l’agenda du chef de l’état est soumis à des contraintes dont la caractéristique commune est l’impact médiatique. Jusqu’à la mise en scène de l’absence de caméras pour souligner le non-calcul dans certaines de ses rencontres. Les paysans auront donc dû se contenter de leur ministre de l’Agriculture.
Comme prévu, il ne sortira sûrement rien de cette entrevue, faute d’une véritable volonté politique. Les différents intervenants dans le circuit se renvoient la balle, mais au bout du compte, sans un véritable dialogue entre les consommateurs et les producteurs, ce sont comme toujours les intermédiaires et notamment la grande distribution qui feront la loi. Prétendument pour défendre les intérêts des clients, les grandes surfaces tirent les prix vers le bas, et la récente interdiction de la vente en dessous d’une marge de 10 % n’a profité ni aux consommateurs ni aux producteurs. Les aspects environnementaux n’ont fait que renforcer les difficultés. L’incompréhension est généralisée. Les clients possédant une sensibilité écologique, et ils sont de plus en plus nombreux, se demandent pourquoi les agriculteurs continuent à utiliser des produits phytosanitaires, certes légaux, mais fortement suspectés de nuire à la santé, tandis que les paysans se demandent pourquoi les consommateurs ne regardent que le prix et n’achètent pas forcément les produits locaux.
Une autre logique est pourtant possible. De façon encore marginale, mais qui se développe, des circuits courts rapprochent producteurs et consommateurs dans des démarches de type AMAP ou vente directe. Tout le monde s’y retrouve, à l’exception des intermédiaires, naturellement. Il faut aussi saluer l’initiative de la coopérative « c’est qui le patron ? », fondée en 2016 pour répondre à la crise de l’industrie laitière, qui garantit un prix minimum au producteur, tandis que le client accepte de payer un peu plus cher, parce que c’est pour une bonne cause. Car les paysans, pris individuellement, continuent à bénéficier d’un capital de sympathie très important, malgré les difficultés provoquées par les nuisances collectives que sont l’épandage de produits chimiques ou la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes, pour ne citer que celles-là. Et c’est pourquoi les gouvernements successifs ont toujours traité le malaise paysan récurrent bien au-delà de son importance numérique qui ne cesse de diminuer. Les agriculteurs ont devancé les grèves et les manifestations du 5 décembre pour éviter d’être noyés dans la masse des revendications. Ils n’ont pas été entendus, ni même écoutés, par le « patron ». C’est prendre là un gros risque.
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