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Petite musique de chambre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 25 novembre 2019 10:28
- Écrit par Claude Séné
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Cette petite musique dans la chambre, c’est celle de la playlist de France Inter, cette bande musicale qui signe de façon immédiate un mouvement de grève sur l’antenne de la radio préférée des Français au moment de la matinale. Comme eux, j’aime bien me réveiller avec les journalistes et les chroniqueurs de France Inter dont j’apprécie en général la liberté de ton. Comme d’habitude, le sujet qui fâche, c’est le nerf de la guerre. Pour remercier le service public de ses efforts pour informer et distraire le public, le gouvernement a décidé de serrer la vis de la pompe à phynances.
Il va falloir trouver 60 millions d’économies sur le budget de la maison ronde. La seule variable d’ajustement étant la masse salariale, près de 300 salariés devront quitter le navire « volontairement », à moins que l’on ait recours à la courte paille. Tenu par mes exigences personnelles de suivre de près l’actualité, j’ai pu mesurer l’avantage immense du service public de ne pas être soumis aux diktats de la publicité. Un court séjour sur les antennes de RTL ou d’Europe 1 m’a vite conforté dans mon choix futur de revenir à France Inter ou France Info pour être informé, lorsque ce sera à nouveau possible. J’ai quand même eu le temps d’entendre le président des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, entonner son petit couplet habituel sur la prise d’otage des voyageurs et sur le droit de grève qu’il faut maintenir coûte que coûte tout en dissuadant les salariés de l’exercer. Et s’ils ne le font pas spontanément, il préconise de « l’encadrer ». En tout cas, lui, beaucoup de Français, dont je suis, ont de plus en plus de mal à l’encadrer.
Au fond, les tenants de la droite « classique » sont ennuyés parce que Macron fait ce qu’ils auraient aimé mettre en place eux-mêmes. C’est bien Sarkozy qui se vantait en 2008 que plus personne ne s’en apercevait quand il y avait une grève. Ça ne lui a pas spécialement porté chance, d’ailleurs. Les enjeux de cette grève, et plus encore ceux de la journée du 5 décembre, sont importants. En 2015, Mathieu Gallet avait dû renoncer à son plan de suppression de 320 postes après une grève de 28 jours. L’an dernier, la grève perlée à la SNCF a été un échec parce que la gêne occasionnée n’a pas permis d’établir un rapport de force en faveur des salariés. Même si le risque d’impopularité soigneusement entretenu et monté en épingle par le pouvoir est réel, le droit de grève reste un des derniers remparts contre l’arbitraire et le recul social. Nul ne sait ce qui peut advenir d’une situation aussi tendue, mais le gouvernement, qui pourrait ne pas survivre à la crise, aurait tort de la prendre à la légère.