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« Steaks » hachés
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 8 juin 2019 10:40
- Écrit par Claude Séné
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Hachés, ça, on en est sûr. Mais steaks, ça reste à démontrer. Recherche du profit maximum sur le dos des plus démunis, c’est aussi une certitude, et c’est choquant, évidemment. 780 tonnes de soi-disant steaks ont été écoulées par une société française auprès d’organisations caritatives : les banques alimentaires, la Croix rouge, le Secours populaire et les Restaurants du cœur. Petit problème, pour gagner plus, la viande a été remplacée par des sous-produits de l’abattage, peau, tendons, poils, j’en passe et des pires, ainsi que du soja et de l’amidon pour imiter l’aspect du steak.
Les margoulins qui ont fait leur margarine sur le dos des malheureux qui sont contraints de faire appel aux organismes d’entraide pour subsister tablaient sur le fait que les pauvres n’oseraient pas se plaindre, déjà trop contents de pouvoir manger de la viande. Perdu ! La texture, la couleur et le goût, différents des vrais steaks hachés, ont amené les bénéficiaires des aides à alerter les organismes qui les distribuaient. Comme quoi, contrairement à la blague de Jean-Marie Bigard, les pauvres ont du goût, et peuvent même avoir du dégoût, y compris quand ils n’ont pas les moyens de faire les difficiles. Alors, apparemment, il n’y a pas eu de risque alimentaire à consommer ces ersatz de viande, mais ce que l’on appelle techniquement « tromperie sur les qualités substantielles du produit ». En clair, une escroquerie, motivée par l’appât du gain et un manque total de scrupules. Le montant de la transaction, 5,2 millions d’euros, était acquitté par un fonds européen d’aide aux plus démunis, et versé à une entreprise française basée dans les Côtes-d’Armor, laquelle faisait fabriquer la marchandise en Pologne pour minimiser ses coûts et maximiser ses profits, en toute opacité.
C’est l’occasion de redécouvrir le bizness engendré par la technocratie, qu’elle soit européenne ou non, et les pratiques troubles qui exploitent toutes les failles du système. Le propriétaire de la société incriminée est au centre d’un montage financier compliqué, à dessein, et n’a peut-être jamais touché un steak haché de sa vie. Cette affaire rappelle celle des lasagnes à la viande de cheval de 2013. Là aussi, aucun risque sanitaire à première vue, mais tromperie pour gagner toujours plus. Laisser le secteur de l’alimentation aux mains de financiers, prêts à tout pour engranger des profits supplémentaires, est très dangereux et fait courir des risques à l’ensemble de la population. Mais abandonner le terrain de la solidarité aux lois du marché est encore plus choquant et moralement inacceptable.
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