Aux normes citoyens
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 9 juin 2019 09:51
- Écrit par L'invitée du dimanche
Tous ces critères qui définissent des caractéristiques conformes à la majorité des cas, et conduisent à des moyens considérés comme une règle à suivre.
Tout ce qui rentre dans la norme est normal, tout ce qui s’en écarte est anormal. Être hors normes c’est être dans la marge, déviant… La norme peut être alors considérée comme un principe discriminatoire, auquel se réfère un jugement de valeur, elle appelle le dédain, l’indifférence, la réprobation et au plus haut point la persécution, la mise à l’écart, l’ostracisme, pour tous ceux qui ne la respectent pas. Cela est vrai des normes sociales qui assurent la régularité de la vie en société qui fait partie de la condition humaine.
Elles définissent des manières d’être et d’agir qu’un groupe reconnaît comme idéal, cet idéal sert de critère de référence, d’appréciation, de jugement. Des mutations importantes telles que les guerres, les révolutions, les technologies nouvelles, sont toujours accompagnées de changements de valeurs donc de changement de normes. C’est ainsi qu’on a vu évoluer la notion de couple, et de famille, avec la mise en place des Pacs, des mariages homosexuels, de la GPA... même si ces évolutions entraînent des résistances ! « Les braves gens n’aiment pas que… »
Pour ce qui concerne l’instruction, la mise en place de structures spécialisées, met en évidence toute une population « hors normes », qui pour des raisons de handicaps variés sont inscolarisables, malgré la loi de 2005 qui donne obligation à toutes les écoles « normales » de les accueillir.
Notre santé échappe à la mise en normes, car la santé n’est pas un état normal, c’est une capacité d’adaptation individuelle aux variations du milieu, être malade c’est être dans l’incapacité de se réadapter à cause des normes de vie trop rigides. Pas de normalité non plus en psychiatrie, mais quelques pas vers la différence font vite porter le jugement d’anormal, de fou ou de délinquant et la médecine récupère « le déviant », et pose un diagnostic pour l’orienter à travers un circuit balisé vers une « réhabilitation normative ».
Le domaine culturel est difficile à normer, compte tenu des diversités des populations, des communautés, et c’est en échappant aux normes qu’il évolue. Pourtant l’UNESCO a édité une déclaration universelle sur la diversité culturelle qui sert d’instrument normatif pour définir les patrimoines.
L’univers économique est celui qui est le plus régi par des normes, instruments commerciaux pour étendre l’influence d’une puissance. En 1926, on a créé l’Afnor puis en 1947 ISO, organisation internationale de normalisation qui concerne 165 pays. Les directives européennes réglant les échanges commerciaux, influençant 40 % de nos lois agricoles, 20 % dans les autres domaines (ceux de l’éducation, du logement, de la protection sociale y échappant), nous suggèrent de plus en plus de normalisations. Les états membres sont libres des moyens pour les adopter, et peuvent émettre loi ou décret pour décider de la taille des concombres ou le débit des chasses d’eau. La prolifération des normes pourrit-elle la vie des entreprises ou permet-elle la sécurité des citoyens ? Les deux sans doute.
Que ce soit par choix ou par contrainte, il semble difficile de vivre hors normes, dans une démocratie elles participent à l’harmonisation de la vie, mais il faut rester vigilant à ne pas tomber sous leur dictature ! Protégeons notre droit à l’anticonformisme et à la différence.
L’invitée du dimanche
Commentaires