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Lèse-majesté
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 10 juin 2019 10:27
- Écrit par Claude Séné
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On sait combien la justice ecclésiastique peut se montrer désespérément lente comme on a pu le constater dans les diverses affaires de pédophilie qui ont secoué l’église ces dernières années. Quand il s’agit de sanctionner des prêtres qui ont eu des comportements inadmissibles entraînant des séquelles psychologiques irréversibles, la hiérarchie catholique traine des pieds pendant des dizaines d’années. Mais qu’un prêtre prenne publiquement position contre le président de la République, et c’est le branle-bas de combat. C’est ce qui s’est produit le 2 juin. Le curé du Planquay dans l’Eure a ouvert les portes de l’église à des gilets jaunes et ils ont entonné en chœur un refrain inspiré des chants de supporters.
Je cite : « Emmanuel Macron, grosse tête de con, on va te chercher chez toi ». La scène a été filmée et la vidéo a tourné sur les réseaux sociaux. Le sang de l’évêque d’Évreux n’a fait qu’un tour. Attaquer des enfants innocents en abusant de son statut d’autorité, passe encore, mais s’en prendre au chef de l’état protégé par tout son arsenal législatif c’est intolérable. Monseigneur Nourrichard a décidé de constituer un dossier pour que l’abbé Francis Michel soit mis définitivement hors d’état de nuire, en demandant à Rome de le renvoyer à l’état de simple civil. Avec un peu de chance, il pourrait même être excommunié. Non mais ! Sans blague! On ne veut pas de ça chez nous ! Et l’évêque de rappeler que les prêtres n’ont pas à faire de la politique, sauf, bien entendu, quand il s’agit de défendre les valeurs traditionnelles telles que la famille ou s’opposer à l’avortement et aux mariages entre homosexuels.
La hiérarchie catholique pourra compter sur le soutien indéfectible de l’état, représenté ici par le préfet de l’Eure, reconstituant l’alliance célèbre du Sabre et du Goupillon chantée en son temps par Jean Ferrat. Car l’abbé Michel a sapé les fondements mêmes de la République en se rendant coupable « d’outrage au chef de l’état » et en violant la loi de 1905, qui prévoit la séparation des églises et de l’état, où il est stipulé que les prêtres ne peuvent remplir que des missions « cultuelles ». Cela étant dit, il faut cependant reconnaître que l’abbé Francis Michel est un drôle de coco, et n’a pas précisément le profil d’un enfant de chœur. Il a été reconnu coupable par la justice de détournement de fonds en 2015. Grâce à l’argent de la quête, il possédait 116 000 euros sur ses 11 comptes en banque, alors qu’il percevait 900 euros par mois, mettant ainsi en pratique l’adage selon lequel une charité bien ordonnée commence par soi-même. Déjà suspendu de ses fonctions ecclésiastiques, l’abbé risque gros sur ce coup-là.
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