La belle jeunesse
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 16 mars 2019 10:36
- Écrit par Claude Séné
Quand on avance en âge, sinon en sagesse, il est réconfortant de constater que la relève est assurée. Les manifestations pour le climat qui ont eu lieu dans le monde entier, mobilisant plus d’un million de jeunes, en sont un exemple frappant. La jeune Suédoise Greta Thunberg, à l’origine de ce mouvement, n’a que 16 ans et apparait déjà comme possible prix Nobel de la paix. Malgré un physique de petite fille, elle fait preuve d’une maturité surprenante, et son niveau de réflexion pourrait en remontrer à beaucoup d’adultes, étonnant jusqu’à son propre père.
Mais elle n’est ni la seule ni la plus jeune des lycéens qui sont descendus dans la rue pour montrer leur engagement dans un combat qui les concerne au premier chef. Leur créativité et leur inventivité dans les slogans sont réjouissantes et rappellent ceux de 1968. Les jeunes sont aussi parmi les plus actifs des manifestants d’Algérie, sortant en masse les mardis et les vendredis pour protester contre le pouvoir symbolisé par le président grabataire Abdelaziz Bouteflika. Le monde entier semble avoir été surpris par l’émergence de cette jeunesse, qui souhaite prendre son destin en main à un âge où l’on croit les humains incapables de comprendre l’univers qui les entoure.
Dût ma modestie légendaire en souffrir, je dois signaler que le phénomène n’est pas aussi nouveau que l’on pourrait le croire. Il se trouve que l’Histoire, avec une grande hache, me permet de dater avec précision le moment où j’ai acquis une conscience politique, puisqu’il s’agit du 13 mai 1958. Ce jour-là, un coup d’État se déroule à Alger, à l’initiative de militaires et de civils partisans de conserver l’Algérie dans le sein de la République française, alors que la guerre d’indépendance, baptisée pudiquement « évènements », fait rage depuis plusieurs années et que les jeunes du contingent sont mobilisés. Je n’ai que 14 ans, mais j’ai vite compris que la guerre coloniale était une impasse, dans laquelle je pouvais laisser ma peau à titre personnel, pour un bénéfice illusoire et surtout immoral. Il y a dans ma classe un condisciple, que je ne peux plus considérer comme un camarade, qui soutient l’Algérie française par idéologie, et un autre, rapatrié, qui raconte la hantise et la peur des attentats dans les transports en commun et qui soutient la paix. De cette prise de conscience initiale, ont dépendu, je crois, mes engagements ultérieurs. Ce qui a changé depuis cette époque c’est l’expression publique et la place reconnue aux acteurs, même très jeunes, de la vie politique. Le développement exponentiel des moyens de communication permet de mettre en relation les habitants de notre village mondial. Je souhaite le meilleur à cette nouvelle génération : elle le mérite.
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