Hors-la-loi
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 16 novembre 2018 10:36
- Écrit par Claude Séné
C’est un outlaw qui s’adresse à vous aujourd’hui. En effet, en France, il est interdit de commenter une décision de justice. Si l’on ajoute à cela le secret de l’instruction et la présomption d’innocence, vous conviendrez qu’il est bien difficile d’évoquer quelque affaire judiciaire que ce soit, avant, pendant ou après un procès. Aussi, je vais devoir m’entourer de précautions pour relater les conditions de l’acquittement de Georges Tron et de son ancienne adjointe à la mairie de Draveil pour les accusations de viol portées par deux ex-employées municipales.
Vu de loin, le verdict de la cour d’assises, 6 jurés populaires et 3 magistrats professionnels, peut apparaitre comme un nouveau succès « d’Acquittator », le surnom donné au maitre du barreau, Éric Dupont-Moretti, spécialisé dans les cas difficiles et médiatisés. Et probablement son adresse et son talent sont-ils pour quelque chose dans l’issue favorable à ses clients. Il aura eu l’ultime habileté de ne pas tirer à lui la couverture et de saluer « le triomphe de la justice ». Ce profil bas tire aussi sa justification dans le fait que les accusés ont surtout bénéficié du doute, qui, dans notre législation, doit profiter à la défense. La cour a considéré comme avérées les relations à caractère sexuel, mais la contrainte, la menace ou la surprise, comme insuffisamment prouvées. Même si cela n’a pas été énoncé comme tel, la personnalité des accusatrices aura joué un rôle prépondérant dans la décision. J’ai été stupéfait d’entendre le point de vue de la psychologue, citée comme témoin, portant un diagnostic accablant pour une des plaignantes, dont il ressortait clairement que le profil discréditait totalement la parole, et cela après une évaluation plutôt rapide, réalisée il y a 7 ans.
Quand le doute ne fait que susciter un éventuel trouble à l’ordre public, en ne sanctionnant pas un crime ou un délit, la société en a vu d’autres et elle s’en remettra. Mais les plaignants qui en sont victimes doivent supporter la culpabilité qui est détournée des auteurs présumés des faits et se sentent niés dans leur existence même. Encore une fois, je ne connais pas la vérité dans cette affaire, s’il y en a une, mais la relation hiérarchique existant entre les protagonistes met sérieusement en doute le consentement des dominés aux désirs des dominateurs. Et comme dans le cas des viols conjugaux, le consentement ne saurait être acquis pour l’éternité, et doit se manifester clairement chaque fois. Cette décision de justice, dont le parquet peut encore faire appel, me parait de mauvais augure dans une autre affaire en cours, celle de Tariq Ramadan, qui vient d’obtenir une mise en liberté conditionnelle, et qui, lui aussi, plaide des relations consenties, l’éternelle défense des agresseurs sexuels.